004 - Erwan&Penny - Every you, every me

Erwan avait mal, très mal. Il sentait comme un trou noir dans sa jambe, un trou noir de douleur et de nerfs arrachés... Un trou noir causé par une balle perdue. Il était juste venu dans ce bar pour se changer les idées, c'était une simple soirée, durant laquelle il s'était assis à la même table que de purs inconnus... Mais il n'avait pas vu les signes, les signes qui montraient que tout allait partir en couille.

D'abord cette bataille dans un coin du bar, il avait eu envie de partir, mais il se sentait finalement bien, là où il était, avec ces gens étranges à sa table. Il aurait dû. De même quand les premiers coups de feu avaient retentit, il aurait dû courir vers la sortie... Mais non, il s'était caché derrière une table renversée avec quelques uns de ses inconnus... Le bois n'arrêtait pas les balles : il le saura pour la prochaine fois. Il avait prit une balle perdue dans la jambe, dans le mollet...

Se retenant d'hurler, il avait tenté de fuir, de chercher un moyen de sauver sa peau, mais avec sa jambe traînante, il se savait condamné, c'était impossible autrement ! Même, les fous qui se tiraient dessus allaient forcément éliminer les témoins gênants... Erwan voyait là ses derniers instants. C'était foutu, plus d'autres chances. Il en avait assez gâchées...

D'abord mort de trouille, se pensant déjà sur le point de mourir, il s'était rendu compte à quel point sa vie était peu de choses. La maison d'édition familiale ? Qu'est-ce qu'il en avait à foutre au final ? Et même, son mariage ? L'argent ? Rien à foutre ! Il n'avait plus envie de rien... Alors, pendant que les balles fusaient, Erwan avait prit son téléphone et envoyé des SMS. Deux pour être précis.

Le premier fut pour sa femme, Sydney. Il voulait lui dire... Tout lui dire. Alors il avait tapoté furieusement, avec l'énergie du désespoir, sur le clavier de son téléphone.


Puis, il retourne dans son historique de message... Et clique sur Penny. Il relut les messages précédents, ceux de cette soirée sous les étoiles, cette soirée où il s'était senti revivre. Ce baiser... Ce simple baiser plein de promesse avait fait repartir son coeur, de la même façon qu'il le sentait aujourd'hui s'affaiblir... Il voulait vite lui dire, lui parler, lui avouer... Mais pas le temps d'y aller doucement, il fallait foncer maintenant.

C'était frontal mais au moins c'était dit. Erwan se sentait lentement partir dans les limbes de l'inconscience... Il s'était toujours dit qu'il flipperait comme un gamin en face de la mort, mais finalement, il se sentait comme... serein. Plein de regrets, de choses à faire encore, mais serein. Etrangement...

Par la suite, au travers de l'obscurité dans laquelle il se noyait, Erwan sentait des mains parcourir son corps, le bouger, le secouer, lui faire MAL, puis lui faire du bien... Tour à tour contonneux puis dur comme la pierre, des électrochocs... Il se sentait comme attiré vers un monde meilleur, mais aussi tiré vers le bas, vers les douleurs charnelles et les peines pleines de larmes... Il voudrait hurler puis se consoler lui-même...

Il ouvrit les yeux, mais les referma, complètement ébloui. Il voyait la lumière à travers la fine chair de ses paupières, pouvait même compter les minuscules veines qui composait ces protections. Il sentait qu'on s'activait autour de sa jambe, et que l'endroit où il était... Bougeait... Que se passait-il ? ...

Il hurla. Une douleur vive venait de le traverser, connaissant un épicentre dans son mollet. La balle ! Il avait pris une balle ! Sydney... SMS... Penny ! Non, il ne voulait pas mourir, il voulait vivre, respirer, aimer ! Pas maintenant, par pitié pas maintenant, laissez le vivre, il voulait connaître le bonheur, le vrai, laissez le...

Il pleurait toutes les larmes de son coeur, hurlant, comme un nouveau né, comme un homme en pleine renaissance. Puis il finit par se détendre, comme si on lui avait administré un calmant. Il soupira, la douleur s'en était allé... Il rouvrit les yeux, et puis le vit. Penny... Son visage dur, ses yeux si profond... Il voulut tendre la main, lui dire tout ce qu'il n'avait pas pu dire dans ce SMS beaucoup trop court. Il aurait voulu le toucher, mais ce n'était pas possible, il ne pouvait pas être là... C'était impossible... Il avait l'impression qu'il lui parlait mais d'un autre côté, il n'entendait plus rien, assourdi par les bip bip incessant des machines, les hurlements stridents d'une sirène.

Peut-être était-il en vie... Ou en Enfer, comme le lui avait tant prophétisé Sydney. Mais dans tous les cas, Dieu, le Cosmos, la Nature, n'importe quoi, lui permettait d'avoir Penny à ses côtés, il n'allait pas laisser tomber cette occasion...

"Merci..."

Mais il ne put pas en rajouter plus. Il avait la gorge serrée, les lèvres liées... L'histoire de sa vie : devoir se taire quand il voulait parler, parler quand il voulait se taire... Alors, il préféra prier. Quelque soit l'instance supérieure qui gouverne ce bas monde, je t'en supplie, donne moi à nouveau une chance, une vraie chance... Laisse moi vivre, s'il te plait... J'utiliserais ma vie à meilleur escient, je retirerai tout ce qu'il y a de nocif dans mon entourage, je ferai le bien autour de moi...

Il sombra à nouveau dans l'inconscient. Mais cette fois-ci, il resta cotonneux tout du long. Erwan ignorait combien de temps s'étaient écoulés depuis cette dernière chute dans l'inconscience... mais il se réveilla brusquement. Dans un univers blanc. Des rideaux blancs, des draps blancs, des murs blancs...

La seule chose qui jurait dans cet univers hospitalier - car c'était un hôpital bien sûr - c'était un homme assis à ses côtés.

"Penny... C'est toi ?..."

tu as du mal à t’endormir. ce n’est pas la première fois que le sommeil te boude… mais tes pensées n’ont pas autant vogué et cela depuis un certain moment. ton esprit n’arrête pas de divaguer en direction d’erwan et dès que tu fermes les yeux, tu as cette boule au ventre qui te reviens. te remémores ton kidnapping. la panique asphyxiante, le regard ahuri, à la recherche de quincy. la colère te gagne et il alors tu te mets à péter un plomb dans ton lit. a taper le matelas, le marteler de toute tes forces. tu as l’impression de ne plus pouvoir respirer. d’être de retour sur le terrain. une petite voix te dit de t’arrêter, que tu vas réveiller tes colocataires… qu’il faut que tu te reprennes avant qu’on ne réalise ton traumatisme… avant qu’on ne réalise que tu as bel et bien changé… et que ton passé te détruit à petit feu. quincy a beau t’avoir demander de reprendre une vie… normale. de profiter de chaque instant. le plus banal qu’il soit… il t’est difficile de tenir cette promesse parce que tout ce que tu vois en fermant les yeux… c’est lui, c’est le terrain, c’est la guerre… c’est les bombes, c’est les mitraillements, c’est ton battement de cœur qui ne cesse de s’accélérer à chaque prise de combat. qui ralentis au maximum lors d'une prise d'otage. c'est ton corps qui a beau être présent sur le sol américain, au chaud dans une chambre, à l'intérieur d'un appartement... mais ton esprit est ailleurs. il voyage à tes dépends. tu cherches frénétiquement dans ta table de nuit de quoi te calmer ou du moins endormir ton esprit. mais tu ne trouves rien d'efficace. alors sans réfléchir tu files dans la salle de bains. allume le pommeau de douche et fais couler de l'eau glaciale sur ton corps. tu t'appuies contre la paroi et essaye de reprendre une respiration calme. au moment où tu sens que tes esprits se remettent en marche tu entends la sonnerie de ton apple watch. tu sors de la cabine, attrape une serviette que tu mets autour de ta taille. tu jettes un bref coup d'oeil sur l'heure, affichée sur le réveil digital. tu attrapes ton iphone et reste bloqué le temps d'une demi-seconde face à cette lecture.

il y a de ces moments où tu ne peux te souvenir comment tu es arrivé là. sous le choc ton esprit a du mal à assimiler. il a un objectif, il s'y tient et ne préfère pas te faire rappeler comment tu l'as atteint. tu es à l'hôpital. tu as certainement enfilé ce que tu avais sous la main. un sweat. un jogging. tu n'as pas réfléchi à ton style. cela t'importe peu. tu as cette impression de déjà-vu. tu es sain et sauf, et l'être-aimé est sur un lit d'hôpital. erwan t'as dit je t'aime... par texto certes, mais il te l'as écris et ça, ça ce n'est pas rien. parce que tu ne sais pas ce que tu ressens envers erwan, parce qu'il est bien trop tôt pour le définir... parce que tu as perdu quincy il y a de ça six mois et que tu ne te vois pas ressortir de nouveau avec quelqu'un... mais pourtant c'est bien ce que tu as commencé à faire avec erwan? tes idées se perdent et tu préfères prendre un café avant de sur-réagir. ce n'est pas le moment de faire une nouvelle crise. tu te dois d'être présent pour nelson. parce que tu tiens à lui. parce que tu as eu peur de le perdre. parce que tu te maudis d'être celui à côté. d'être celui qui soutiens. c'est trop dur. tu avances dans le couloir à reculons. tu essayes de garder tes émotions pour toi. mais les flashback ne cesse de revenir. "putain putain putain penny!" tes mains tremblent. tu les cachent dans les poches de ton sweat et décide après quelques temps de suivre le couloir et de pénétrer dans la chambre d'erwan. tu y rentres tout en délicatesse et aperçois directement le joli visage de ce petit brun. de cet homme que tu as embrassé sous les étoiles. un léger sourire triste se souligne sur ton visage. tu refermes doucement la porte derrière toi et va t'installer à ses côtés. tu poses ta main juste à côté de la sienne, n'arrive pas à te résigner à le toucher... car c'est trop douloureux de le voir dans cet état. il ouvre les yeux... il prononce ton prénom... et tu as rêvé le temps d'une demi-seconde qu'il te dise les mêmes mots que quincy. la même blague. ton sourire rieur-triste, tel un clown apparaît. "tu voudrais que je sois où." dis-tu d'une voix douce. tu replaces une de ces mèches hirsutes. "je ne pouvais décidément pas te laisser seul ce soir. on m'a dit que tu as eu de la chance! tu vois une balle ça fait jamais de bien!" dis-tu en essayant de garder ce rôle de l'homme rieur, rassurant. "maintenant on peut dire qu'on a un point commun." dis-tu avant d'attraper la carafe d'eau présente près du lit. tu remplis un verre et le lui tend. "un peu d'eau?" tu plonges ton regard dans le sien et essaye de montrer que tu ne partiras pas... du moins pas ce soir.

"Tu voudrais que je sois où."

Erwan ne voulait rien, il en avait besoin. Il était difficile de demeurer réveillé, et il ne voulait pas se rendormir, pas encore retomber dans cette inconscience. Il était mort de trouille, mort de peur d'être mort. Il avait l'impression que s'il se rendormait, il y resterait cette fois. Alors, Erwan avait besoin que Penny soit là. Il était son ancre dans la réalité.

Lorsque Penny passa sa main dans les cheveux d'Erwan, ce dernier ferma les yeux, appréciant le contact. Il était étrange, ce contact, comme... mouillé, fait à travers l'eau. Il avait l'impression que ses terminaisons nerveuses se remettaient d'une noyade. S'était-il noyé ? Il ne parvenait plus à mettre le doigt sur pourquoi il se trouvait là, ici, dans cet hôpital. Il allait le demander, quand Penny parla à nouveau :

"Je ne pouvais décidément pas te laisser seul ce soir. On m'a dit que tu as eu de la chance! Tu vois une balle ça fait jamais de bien! Maintenant, on peut dire qu'on a un point en commun."

Une balle alors... Une balle ? Ah, oui... Erwan revivait en souvenir ce qu'il s'était passé dans ce bar, mais étrangement il n'avait pas peur. Non, il se sentait vraiment anesthésié. Pourtant, il savait qu'il était effrayé, terrorisé à ce moment-là, il se souvenait de son coeur qui battait trop vite... Pourtant, il ne ressentait rien. Il leva les yeux vers le haut, pour voir les perfusions. Il n'arrivait pas vraiment à lire, mais il devinait qu'il y avait sûrement de la morphine dans le tas de liquide qu'on lui refilait.

Ahah, morphine. Et il avait eu de la chance ? Pauvre Erwan, il n'était pas passé loin, cette fois-ci. C'était Sydney qui allait être contente ! Bon, il ne s'était pas écrasé en avion, mais en tout cas, il avait pris une balle. Et faillit y rester. A cette constatation, de façon presque irrépressible, il eut envie de rire, il tenta donc l'expérience... Qui se solda par une toux : ah, il n'avait pas bu depuis un petit moment, visiblement.

"Un peu d'eau?"

Erwan s'arrêta de tousser aussi vite qu'il le pût et dirigea une main un peu faiblarde vers le verre d'eau. Avec beaucoup de précaution et de lenteur, il parvint à l'attraper pour boire seul. Il n'était pas vraiment fan de l'idée de devoir être assisté. Il bava un peu sur les commissures, mais au moins il était désaltéré.

Puis il redonna le verre à Penny, ne tentant pas le diable à se redresser. Et enfin, il le regarda vraiment de face, sa vision s'étant améliorée entretemps. Il avait l'air déterminé, le Penny... Cela rassura Erwan, il ne voulait pas être seul maintenant. Il sourit au souvenir qu'il avait de l'ambulance - Penny le rassurant. D'ailleurs, comment avait-il su pour ?...

"Comment tu ?..."

Puis il se souvint du SMS. Heureusement qu'il était vraiment alourdi par la morphine, il se serait sûrement agité comme un petit garçon ! Le "je t'aime" lui semblait vraiment de trop à présent... Non, mais quel idiot ! C'était vraiment puéril.

*Allez, je pense que je vais mourir, je fais ma fleur bleue à déclarer ma flamme...*

"Désolé... Pour le SMS. Oublie."

Il avait un peu de mal à articuler. C'était embêtant... Il leva l'autre bras, celui piqué par la perfusion. Il devait normalement y avoir un régulateur de morphine... Oui, voilà. Celui-là. Il baissa un peu, mais pas trop, il n'était pas non plus ravi à l'idée de souffrir - souffrir ? Pourquoi déjà ? ... Ah, oui, la balle. Où ?... Oh, il avait oublié... Non, la jambe. Il avait failli y rester pour une balle dans la jambe ? Etait-elle au moins... Comment dire ? En place ?

Il tenta de se redresser pour regarder ses jambes, mais il n'avait pas encore évacué assez de morphine. Il regarda alors Penny, avec un air un peu miséreux. Il voulait savoir, maintenant, s'il était éclopé ou juste blessé.

"Penny... Est-ce que j'ai encore ma jambe ?"

Il ne se sentait pas découpé, non, il avait l'impression d'être entier... Mais il connaissait le phénomène du membre fantôme. Des personnes amputées qui avaient l'impression qu'il y avait toujours quelque chose... Et qui souffraient, beaucoup, d'une douleur qui n'avait aucune origine, aucune médication, sinon un tour de passe-passe qui ne marchait pas toujours.

Il était effrayé. Et il attendait le verdict.

le voir dans cet état te rend malade. tu as beau arborer un joli sourire, comme tes parents ont pu t'apprendre lorsque tu étais gamine. tu ne veux pas flancher devant lui, alors que ton coeur de nouveau se déchire en mille morceaux. il avait essayé de se recoller, il avait réussi à reprendre de la consistance... mais la fusillade a tout gâché et t'as ramené au point de départ. tu es en forme, tu t'en es sorti, mais ton nouvel amant se retrouve à l'hôpital, drogué par la morphine. tu es a ses petits soins, lui propose un verre d'eau. tu t'occupes de lui en ne sachant pas où cette relation va mener... apparemment erwan a eu le temps d'y penser au vu de son sms précédent, auquel il fait allusion. "tu veux que j'oublie que tu m'aimes? dur!" tu baisses alors le regard. fixe ta main, proche de la sienne. "c'est le cas?" dis-tu toutefois gêné de poser la question. tu n'aurais jamais imaginé te retrouver dans cette position. pas aussi vite... et malgré que tu aurais pu ne pas l'évoquer immédiatement lui laisser un peu de temps pour souffler, tu te dis qu'étant sous morphine il pourrait très bien oublier de nouveau cette conversation... tu sais au fond que ce n'est pas le cas. tu t'es retrouvé dans cette situation. sur un lit d'hôpital. traumatisé par les coups et blessures qu'on avait pu t'adonner lors de ton kidnapping... ne pensant qu'à une seule personne... quincy.

erwan commence à reprendre petit à petit ses esprits, la douleur doit commencer à se ressentir... il commence à paniquer et te demande alors si il a encore sa jambe. ridiculement tu tentes une blague : "malheureusement..." dis-tu en jetant un bref coup d'oeil sur cette jambe bandé. tu lui réponds après quelques secondes de silence : "oui... tu ne va pas pouvoir te faire plaindre. quoi que la cicatrice va faire son effet." dis-tu en repensant aux tiennes. "bien que j'espère pour toi qu'elle est bien recousue... lorsque tu es en guerre, on s'en fout un peu que ce soit joli." dis-tu en essayant de détendre l'atmosphère. tu souris à son égard. tu réalises que tu reprends la même attitude que quincy... lors des périodes sombres sur le front. il a énormément déteint sur toi... et tu te sens mal d'agir de la sorte avec erwan. bien que quincy doit être content que tu retrouves le sourire avec une personne... mais... c'est toujours autant douloureux... puis tu as beau énormément apprécier erwan... vous ne savez même pas comment vous définir tout deux. il est marié... il n'est pas sorti du placard... es-tu prêt à affronter tout ça ? une nouvelle fois?

"tu veux que j'oublie que tu m'aimes? dur! c'est le cas?"

Erwan sentait bien que Penny était gêné, et cela ajouta beaucoup à son propre malaise. Il avait baissé les yeux, suivant le regard de son vis à vis vers leurs mains bien proches. Erwan réfléchit à la réponse à apporter. Mais il préféra faire un timide acquiescement, assumant au final ses mots et acceptant leurs conséquences. Après tout, c'était désormais écrit et il ne pourra plus nier.

Puis, par la suite, Erwan attendit la réponse de Penny à propos de sa jambe. La réponse se fit largement désirer et Erwan se sentit angoisser à chaque seconde qui passait.

"malheureusement..."

Penny avait le regard plongé en direction de là où se trouvait la jambe d'Erwan, mais laissa s'égrenner les secondes. Le moniteur qui vérifiait les battements du coeur de l'homme commença à s'emballer. Il avait vraiment peur d'être définitivement handicapé, non, pas maintenant qu'il voulait commencer une nouvelle vie !

"oui... tu ne va pas pouvoir te faire plaindre. quoi que la cicatrice va faire son effet. bien que j'espère pour toi qu'elle est bien recousue... lorsque tu es en guerre, on s'en fout un peu que ce soit joli."

L'information mit quelques minutes à traverser tout le circuit entre ses oreilles et le cerveau. Erwan eut d'abord un petit gloussement nerveux, appuyé par ses battements de coeur qui accéléraient en folie - autant pour l'émotion que devant le sourire de Penny. Puis, au fur et à mesure, il finit par rire franchement. Et entre ses rires il prononça :

"Oh, putain, Penny ! ... Tu veux... Me tuer ?..."

Le moniteur s'affola et une infirmière débarqua à toute vitesse pour voir ce qu'il pouvait bien se passer. Elle s'inquiéta quelques secondes en voyant Erwan tousser puis parla d'un ton réprobateur pour lui demander de ne pas s'agiter. Elle regarda Penny et allait faire un commentaire quand Erwan la regarda méchamment. Il ne voulait pas qu'elle mette Penny dehors, pas maintenant. Elle prévint néanmoins que le médecin allait bientôt passer. Une fois qu'elle fut partie, Erwan parla à Penny :

"Tu vois, mon coeur s'emballe quand t'es là. Mais ne me fait plus de peur comme ça ! Je pourrais y passer cette fois."

Erwan sourit, puis remarqua qu'il était bien plus lucide à présent. Il se redressa un peu mieux sur ses oreillers, faiblard mais pas trop. Puis, il tenta de se pencher pour voir sa jambe. Elle était effectivement bandée, on ne voyait rien, ni la gravité ni la cicatrice. Erwan n'avait pas la moindre idée d'à quoi ressemblait une blessure par balle, il n'en avait jamais vue. Il se tourna donc vers Penny et allait demander à quoi ressembler les siennes...

Mais il se dit que c'était probablement de mauvais goût de demander ça.

"Finalement, que la cicatrice soit belle ou pas, je m'en moque pas mal. Tant que je pourrai à nouveau marcher..."

Puis Erwan regarda Penny. Il avait l'air sombre, fatigué peut être. Il s'inquiéta.

"Je commence à comprendre que tu aimes plaisanter quand tu te sens pas bien. A quoi tu penses, Penny ?"

tu avoue que ta blague était de mauvais goût. que tu aurais pu attendre le temps de quelques minutes, le temps qu'erwan reprenne véritablement ses esprits avant de lui créer des peurs futiles. son coeur a tellement accéléré, qu'une infirmière est même intervenue. tu as l'impression d'avoir cinq ans et d'avoir fait une bêtise. dès lors qu'elle fait la morale à erwan tu baisses la tête, ton regard reste toutefois observateur de la situation et lorsque tu croise celle de la jeune femme tu te doutes qu'elle va te faire une remarque. pourtant tu sens qu'erwan intervient gestuellement de tel sorte à ce qu'elle ne te dise rien. il réussit même avec brio. ce qui te surprends, et te fais sourire. avant de partir, elle te précise que tu n'as plus beaucoup de temps, que les visites vont bientôt se terminer. tu acquiesces, mais préfère retourner ton attention sur le beau brun, allongé devant toi, plutôt qu'au personnel hospitalier.

de nouveau seuls. tu te rapproches de lui. décide de poser la main sur la sienne, sa demande te fais sourire. "oh que non, je te présage une belle et longue vie!" dis-tu en essayant d'être le plus rassurant du monde. bien que tu ne sois pas savant, ni voyant. mais tu te dis qu'il aura plus de chance de rester en vie ici... à los angeles plutôt que sur un terrain de guerre. ce genre de pensée peut-être étriqué... tu le sais. mais lorsque tu as vécu longtemps en guerre, il t'es difficile d'imaginer une mort plus douloureuse. "c'est une belle philosophie! j'approuve!" dis-tu en repassant une main dans sa chevelure noire. tu essayes de garder les commissures de ton sourire intact. essaye de paraître le plus jovial possible... mais apparemment erwan commence à te connaître. ce qui ne devrait pas t'étonner. tu repasses une main dans sa tignasse et dit : "rien de bien intéressant joli coeur ! rien qui te concerne ou même qui en vaille la peine!" dis-tu sans vouloir le vexer. mais tes sombres pensées sont tellement ancrés en toi... personne n'est véritablement au courant de ton ptsd et tu n'es pas du genre à te plaindre de quoi que ce soit... encore moins lorsque tes sentiments sont touchés. parce que tu n'as jamais réussi à te faire comprendre lorsque tu étais gamin. que tu as du te battre avec tes proches pour tes idées et pour ta sexualité et qu'aujourd'hui... cela t'es difficile de te confier... seuls quelques uns tel que alby... ou encore quincy... pourraient comprendre ce que tu ressens à cette heure précise. mais alby a sa vie à présent et quincy n'est plus de ce monde. "on va plutôt se préoccuper de toi... c'est le plus important ce soir. tu as des souvenirs de ce qui s'est passé?" demandes-tu en détournant le sujet. technique vieille comme le monde.

"oh que non, je te présage une belle et longue vie!"

Erwan faillit s'étouffer avec sa propre salive. Une belle et longue vie ? Voilà qui changeait bien des voeux de Sydney... Il y avait longtemps qu'on ne lui avait pas souhaité une chose pareille. En parlant de sa femme... Il faudrait peut être qu'il la recontacte. Prochainement, du moins... Pas forcément tout de suite.

"Une belle et longue vie... Voilà qui est intéressant. Je me demande ce que j'en ferais hein..."

Cependant, quand Penny toucha ses cheveux pour le féliciter de sa philosophie, qui consistait à se moquer des cicatrices, Erwan crut bien défaillir à nouveau. C'était peut-être un "truc de femmes", il eut même l'image de ces femmes précieuses françaises qui en faisaient des caisses dans la tête... Mais non, il tint bon et resta conscient, appréciant ce contact. De toute façon, il se sentait bien comme ça, même s'il avait l'impression d'être un enfant qu'on congratulait pour une bonne note au concours de dictée.

Mais passons. On ne pouvait pas embrasser Penny tous les jours après tout.

Par contre, on pouvait encore s'étouffer - ça existe, les serial étouffeurs ? Erwan demandait juste à quoi pensait Penny, ce à quoi ce dernier répondit un très simple mais efficace :

"rien de bien intéressant joli coeur ! rien qui te concerne ou même qui en vaille la peine!"

Erwan n'était pas vexé, ni blessé, en fait il s'en foutait presque de sa dernière réponse. Joli coeur ?! Il se sentait... Euh, au choix : comme une femme, amoureux, vexé, touché, heureux, au paradis, six pieds sous terre. Non, pas au choix : tout à la fois. Joli coeur ?!. Il décida quand même d'apprécier le surnom. Même s'il était perturbé. Mais il l'appréciait... Car il signifiait que Penny l'appréciait lui. Après tout on ne donnait pas de surnom pareil à ceux qu'on n'aimait pas, hein ?

Un espoir fou commence à s'allumer, tel une bougie fragile, prête à vaciller au vent.

Erwan se laissa même happer par le changement de sujet, de toute façon il était bien trop patraque pour ne serait-ce que songer à résister. Même si la morphine se dégageait de son organisme, il restait malgré tout un peu vaseux.

"on va plutôt se préoccuper de toi... c'est le plus important ce soir. tu as des souvenirs de ce qui s'est passé?

_Je... Oui, je m'en souviens."

Erwan eut soudain une espèce de regard dans le vide. Il ressentait la panique qu'il avait eue lors de cette fusillade, mais il s'en sentait comme détaché, comme si ce n'était au final qu'un film. Mais c'était bien réel, il avait bien failli y passer. Il s'en rendait bien compte, et c'était comme si ça l'avait foncièrement changé. Il avait l'impression que tout se chamboulait dans son esprit...

"J'étais en train de... De boire un verre, avec des gens. Des inconnus. On discutait, on se racontait nos vies... Bon, c'était un peu gênant, mais ils étaient sympas. Et puis je sais pas, y'a eu des signes avant-coureurs, une bagarre, l'ambiance, je ne sais pas, c'était comme si la pièce était déjà chargée de poudre."

Erwan se sentit malgré tout trembler. Il se souvenait des bruits de détonation, ces bruits assourdissants, horribles, qui avaient fait décoller son coeur au plafond. Il avait eu l'impression d'être en guerre, au beau milieu d'un échange de tirs dans les tranchées.

"Je ne sais même pas ce que sont devenus ceux avec qui j'étais... Je me suis caché derrière une table en bois mais... Crois le ou non, le bois n'arrête pas les balles."

Il rit jaune... Il aurait pu le deviner. Mais dans la panique, on faisait décidemment n'importe quoi, vraiment. Il n'aurait probablement jamais été un bon soldat, voilà ce qui était bien certain.

"Je suis ridicule. Je me cache derrière une foutue table en bois, je me crois prêt à mourir, et je fais quoi ? J'envoie des putain de SMS. A toi, et à Sydney. Pour te dire que je t'aime et pour lui dire que je veux divorcer. Je sais même pas si elle a répondu..."

Erwan voulut chercher son téléphone, mais il ne vit ses vêtements nulle part. Pas de sac, le tiroir était trop loin, et l'armoire vide était visible de là où il était. Non, pas de vêtement... pas de téléphone. Il souleva son drap rapidement pour voir comment il était habillé... Il était en robe d'hôpital. Sans rien dessous, il le sentait bien.

Il rougit comme une débutante. Ridicule.

sa réaction te surprends et au lieu de contrôler ne serait-ce qu'une parcelle de ton visage, toute l'émotion passe, visible. en transparence. sa remarque te déplais. tu baisses les yeux et serait-ce à cause du manque de sommeil? mais tu te mords la lèvre. tu n'aimes pas ce que tu viens d'entendre. quoi faire de sa vie hein? et quincy il en aurait fait quoi de sa vie s'il était toujours en vie, si tu l'avais protégé, si tu t'étais sacrifié pour lui. tu as cette culpabilité qui te ronge, essaye de te démontrer que tu ne t'es pas assez battu pour lui. tu aurais dû te battre et y trouver la force pour le retrouver avant que tout ne soit trop tard. avant que tu ne le perdes. ta réponse à sa question reste évasive et apparemment erwan n'en prend pas compte ce qui te facilite à changer de sujet : la fusillade. erwan s'en souviens... tu ne cesses de penser que cela ne va pas être facile tous les jours. qu'erwan risque de dézinguer durant une certaine période, le temps de s'en remettre. tu imagines toutes les éventualités et tout le sérieux de cette relation si on peut vraiment la qualifier comme tel?! erwan et toi n'ayant jamais clarifier votre relation.

tu l'écoutes évoquer l'événement, tu l'écoutes interpréter ses souvenirs, mais dès lors qu'il te prononce cette phrase : "crois le ou non, le bois n'arrête pas les balles." un léger rire sarcastique s'entend. tu plisses le nez. "je suis au courant!" dis-tu légèrement nerveux. tu sais que tu te dois de bien te comporter en tant que soutien, en tant qu'amant? mais s'en est trop pour ce soir... et cette légèreté, bien qu'elle n'en soit pas une, t'agaces profondément. tu sais que tables en bois ne protègent pas des balles, tu sais que les gilets pare-balles ne sont que boucliers, mais qu'il est très facile pour des snipers de viser l'endroit pile où tu souffriras sans avoir d'espoir de survie. tu sais ce qu'être pris dans une embuscade, ce qu'être kidnappé durant un mois, ce qu'est d'avoir une multitude de cicatrices accompagnant celle de ton changement de sexe, tu sais tout ça et cette blague - qui n'en est peut-être pas une - t'interpelles. erwan continue son récit et lorsqu'il évoque les deux sms tu lui dis sans avoir réfléchi : "au moins tu as eu l'occasion de dire ce que tu pensais lorsque c'est arrivé!" immédiatement tu penses à ton enlèvement et au fait que tu as pensé à phoebe, ton petit frère, tes parents... erwan ne peut pas comprendre ce que tu as vécu. tu le réalises aujourd'hui. "au moins tu vas pouvoir commencer une nouvelle vie... avec une nouvelle jambe!" dis-tu en reboostant les troupes bien que l'humeur soit moins présente.

Ce message que j'ai reçu un peu plus tôt de la part d'Erwan m'a intrigué. Ce n'est pas son genre de demander le divorce et de me souhaiter d'être heureuse. Je n'ai pas eu de réponse ensuite. J'ai beau le détester, j'avoue que j'ai commencé à m'inquiéter, surtout qu'il a parlé de "survie". J'ai alors pris sur moi et j'ai appelé mon beau-père pour savoir si il savait quelque chose, mais ce n'était qu'une perte de temps, car monsieur avait mieux à faire. C'est alors que l'info est passée à la télé, il y a eu une fusillade dans un bar. Combien de fois ai-je souhaité sa mort ? Et là maintenant que cela pourrais bien être le cas je me mets à paniquer. Je décide de me rendre directement aux urgences, je sais que là-bas j'aurais plus d'informations. Il est tard et je suis déjà en pyjama puisque ma vie sociale est complètement vide en ce moment. Pour une fois, je me fous pas mal de mon look et je sors comme ça. Sur place, je demande à la secrétaire si ils ont admis un certains Erwan Nelson, je me présente comme étant sa femme et on me demande de patienter. L'attente me semble interminable, mais finalement on vient m'annoncer qu'ils ont en effet admis un Erwan Cent suite à un tire à la jambe mais que son état est stable et qu'il va bien. Je pense que les hormones y sont pour beaucoup, mais je me suis mise à pleurer. On m'a alors indiqué sa chambre et je m'y rends. Je dois avoir une mine affreuse, j'ai un look terrible et mon ventre s'est arrondie depuis que j'ai quitté la villa. Erwan risque d'avoir un choque en me voyant débarquer. Je toque à la porte avant d'entrer et je suis surprise de voir un jeune homme déjà à son chevet. En fait ce qui me surprend le plus c'est leur proximité et ce regard qu'ils échangent. Après deux ans de mariage, je n'ai jamais croisé cette personne à ses côtés et cela m'intrigue. J'espère que je n'interromps pas une conversation importante. Comme il y a cette personne, qui que ce soit, je rentre dans mon rôle d'épouse parfaite. « Mon amour, si tu savais comme j'ai eu peur ! » Dis-je en m'approchant de son lit et attrapant sa main. Je lève le regard vers le jeune homme à côté ignorant totalement qu'il s'agit de mon amie d'enfance, Penny. « Bonjour. » Le saluais-je poliment.

Parler de cet évènement avec Penny était difficile, Erwan avait l’impression que des flash d’appareil photo se multipliaient devant ses yeux, c’était désagréable, il avait même ces images de gens qui criaient, la sensation que qu’il était hanté par des fantômes… Bien qu’Erwan espérait de tout cœur qu’ils soient en vie.

"Au moins tu as eu l'occasion de dire ce que tu pensais lorsque c'est arrivé!

_Oui, j’en ai eu l’occasion, quelque part c’est bien… Même si en y réfléchissant après, j’aurais probablement tourné les choses autrement… Mais ce qui est fait est fait, et je n’ai aucun regret au final.

_Au moins tu vas pouvoir commencer une nouvelle vie... avec une nouvelle jambe!

_Oui, certainement, une nouvelle jambe ! Et en parlant de nouvelle vie, je… J’aimerais beaucoup que tu…"

Erwan allait demander… Il ne savait même plus, il voulait que sa nouvelle vie commence là, avec lui. Il voulait certainement lui demander s’il voulait le revoir, si c’était possible de créer quelque chose, après le divorce, une histoire, n’importe quoi pourvu que Penny soit là. Mais les destin sembla vouloir rappeler à Erwan à quel point la vie était une chienne.

Et que cette chienne de vie se présentait sous les yeux de Sydney Nelson-Cox. Elle entra en bombe dans la chambre, les larmes aux yeux, habillée en pyjama. Erwan ne l’avait que très rarement vue aussi peu apprêtée pour sortir, il était même surpris par la taille du ventre de sa femme. Il ne l’avait pas vue depuis si longtemps, il était quelque part soulagé de constater qu’elle était entière et vivante.

Qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Il ne l’avait pas appelée, il en était certain ! Et au vu de la tête de Penny, elle était bien réelle, il ne faisait pas d’hallucination. Mais Erwan aurait vraiment préféré… Ce n’était pas le moment pour elle de venir, elle avait vraiment raté son coup, merde !

Il jeta un regard catastrophé à Penny, ne voulant pas qu’il se méprenne sur ce qui allait arriver. C’était absolument certain, elle allait passer pour la femme parfaite, heureuse en ménage, qui venait d’apprendre que son doux mari avait été pris dans une fusillade. Et Erwan ne pouvait pas avouer devant Sydney que Penny était son… Quoiqu’il était. C’était impossible ! Il n’arriverait pas à le sortir, pas aussi vite.

« Mon amour, si tu savais comme j'ai eu peur ! »

Sydney avait attrapé la main de son époux, jouant l’épouse éplorée car il y avait du public. Elle salua même rapidement Penny, de façon polie. Mais Erwan n’avait pas la moindre envie d’être poli, non, pas maintenant, pas alors qu’elle pouvait risquer de tout jeter en l’air. Il prit alors un ton un peu trop sec pour la rembarrer.

« Sydney, qu’est-ce que tu fais là ? Ne joue pas la comédie, ce n’est pas la peine, j’ai demandé le divorce, tu es libre. »

Il dégagea sa main de cette de celle qui sera désormais son ex femme. Il ne voulait pas laisser croire à Penny qu’il était un sale type qui trompait sa femme bienheureuse, il ne voulait pas le perdre, pas maintenant, pas alors qu’ils s’étaient… embrassés. Non, son estomac lui faisait des vrilles, il avait l’impression qu’il allait vomir.

« Penny, je te présente Sydney… C’est ma future ex-femme. Sydney, voici Penny. »

Erwan n’ajouta rien sur sa relation avec Penny, de peur de blesser l’un ou de mettre la puce à l’oreille de l’autre. Il avait sensiblement pâli et une petite sueur froide se formait sur sa peau.

être positif... on ne peut pas dire que ce n'est pas dans ta nature car tu as toujours vanté les mérites de la positivité, mais quincy avait ce je ne sais quoi qui te démontrais que que la joie était une vraie caractéristique de l'homme et que c'était le principal atout de quincy. ne jamais perdre confiance en l'homme, ne jamais perdre confiance en la vie. algré qu'elle soit dure, qu'elle soit horrible toujours garder l'espoir qu'en touchant le fond, notre vie ne sera que meilleur au moment de remonter la pente. tu n'as jamais eu l'occasion de la remonter en sa compagnie et pourtant tu as l'impression de l'avoir près de toi, spirituellement certainement, à tes côtés. cet homme n'était fait que de bien et il est difficile de le comparer car il n'est pas comparable... il est difficile de trouver équivalent car il était unique. erwan est une personne que tu apprécie depuis le premier jour parce qu'il t'as touché. parce que sa naïveté et son innocence t'as marqué et que tu es fasciné par cette personne qui se trouve en ce moment même sur un lit d'hôpital. alors que ce moment devrait vous rapprocher, tu y émets des distances, car cela te rappelles une période si proche, mais tu ne veux pas en parler avec erwan car tu réalises finalement que plusieurs points bien trop important vous sépare... d'où ton ironie. d'où ton humour douteux, mais erwan ne se doute de rien et lorsqu'il évoque ce possible renouveau qu'il envisagerait, car tu devines la suite de ses paroles, vous vous retrouvez interrompu... par sa femme. qui s'avère être une amie d'enfance, qui ne se doute au vu de son comportement de qui tu es... c'était il y a si longtemps... tu avais un autre sexe, une autre dégaine à l'époque. surpris, perturbé que ce soit par cette retrouvaille impromptue ou encore par son comportement, tu retires ta main et observe cette scène digne d'un film.

erwan a beau répondre de manière brutale à sydney... ton regard n'est plus le même. tu te lèves. "bonsoir sydney." dis-tu amusé finalement par situation. tu as l'impression d'être de retour ton ancienne vie, celle que tu as essayé d'éviter à tout prix. "penny redmayne..." dis-tu seulement... car la suite n'intéresse plus, parce que tout le monde est au courant. "mr cent.. content de savoir que vous allez bien... vous savez... les premiers jours vont être dur... parce qu'on a beau être fort... une fusillade ce n'est jamais agréable... mais vous allez vous en remettre et votre femme à vos côtés... ou ex... mais ce genre d'aventure ça rapproche toujours." ton regard est tranchant. tu as légèrement eu l'impression d'avoir été pris pour un con... par un hétérosexuel... et même si tu sais au fond que la complication est juste devant ton nez... ça te permets de fuir, de t'offrir une porte de sortie, à cet amour possible... que tu évites car trop tôt. "car au fond..." dis-tu en te rapprochant de la porte de la chambre. "je ne suis que penny n'est-ce pas ? une simple connaissance... soldat... ombre... je vais vous laisser, j'ai d'autres âmes à récupérer et vous avez du temps à rattraper non?" dis-tu en ouvrant la porte.

L'accueil est glacial. Pour une fois que je me suis réellement inquiétée pour lui, voilà comment il me remercie. Mon regard change du tout au tout. Je recule d'un pas et croise les bras, contrariée. « Il n'y a pas que le divorce dans la vie, tu sais Erwan ? Pour une fois que je me suis réellement inquiétée pour toi, ça m'apprendra à essayer d'être gentille. » La personne présente dans la pièce avec nous, semble gêné d'assister à notre petit règlement de compte. Je suis peut-être une garce avec Erwan, parce qu'il l'a bien cherché, je ne suis pas si horrible que ça et je peux être très gentille quand je le veux. Mon futur ex-mari fait alors les présentations et la personne face à moi me salut et m'apprend son nom de famille. Et là je n'en reviens pas. « Penny ? Bah merde alors… Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » Dis-je maladroitement. Penny et moi étions amies à l'époque, quand elle était encore une femme, puis le temps a fait que nous nous sommes perdues de vue. J'ai de très bons souvenirs avec elle. Penny s'adressa ensuite à Erwan en le vouvoyant, peut-être que finalement ils ne se connaissent pas si bien que ça, pourtant ce n'est pas l'impression que j'ai eue en entrant dans la pièce. « Crois-moi, ça ne nous rapprochera de rien du tout. Pour une fois qu'il accepte enfin de me rendre ma liberté. » Avouais-je en fusillant Erwan du regard. J'espère qu'il ne changera pas d'avis, je suis même prête à tout lui laisser, il sait très bien que je me fiche pas mal de son argent ou de l'argent en général.

Erwan se retint très fort, mais très très fort, de lui balancer à la gueule tout ce qu'elle avait pu lui cracher. C'était extrêmement frustrant, il n'avait pas tellement envie de faire une scène supplémentaire devant Penny. J'étais assez gêné de l'avoir ici, elle venait de gâcher notre moment ! Elle n'avait jamais été là pour moi, pourquoi elle commençait maintenant ?

Cependant, lorsque Penny se présenta, j'eus d'abord la surprise d'apprendre qu'elles... Enfin Penny et Sydney avaient été ami(e)s avant. Pour moi il était un il dans le présent, mais c'était vrai qu'il avait été une elle et que ce elle avait eu une vie. Je l'avais presque occulté, me concentrant sur l'homme magnifique qui était entré dans ma vie. Mais la deuxième surprise fut l'exclamation presque horrifiée de sa future ex femme.

« Penny ? Bah merde alors… Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

_Oh, merde Sydney ! »

Mais le coup final fut Penny qui le vouvoya d'un seul coup. Forcément. Et Sydney qui en rajoutait une couche encore ! Juste avant son départ. Argh ! Il aurait voulu se lever, courir après lui, hurler son prénom, mais ce n'était clairement pas possible, pas avec cette jambe, et certainement pas avec Sydney dans le coin.

Et Erwan péta un câble. Sincèrement. Sur Sydney.

"Alors toi ?! Tu t'inquiètes pour moi ?! Tu crois pas que tu es une hypocrite absolument immonde ? Tu ne m'as pas dit que tu regrettais que je ne sois pas mort dans un CRASH D'AVION ?! Et tu oses venir MAINTENANT la bouche en coeur ?! Je ne vais certainement pas applaudir et bouger de la queue comme un petit chien dès lors que tu me feras l'honneur d'être une HUMAINE !! "

Une infirmière arriva d'un coup, alertée par les cris autant que par l'alarme de mon cardio qui s'était emballé de façon soudaine. Je la regardai méchamment, lui intimant de sortir immédiatement.

"Et puis comment tu as su que j'étais là ?! Je ne t'ai jamais recontacté ! Et ce SMS était clair : c'est fini, je divorce et après, je ne voudrai plus jamais voir ta gueule de connasse !"

Non, mais je rêve ? Pour qui il se prend pour me parler comme ça ? C'est si incroyable que j'ai pu un minimum m'inquiéter pour lui ? Il m'a pourrit 2 ans de ma vie, il ne croyait tout de même pas que j'allais être la parfaite femme de sa vie ? Il savait très bien depuis le début que j'étais totalement contre ce mariage et monsieur n'a pas bougé le petit doigt. S'il doit s'en prendre à quelqu'un c'est à lui et à lui seul. J'ai l'habitude de me faire insulter, mais là je n'ai rien fait pour mériter ça. « Va te faire foutre Erwan. Je ne viens pas avec ma bouche en cœur comme tu dis, je viens parce que je me suis réellement inquiétée pour toi, mais apparemment ça semble trop extraordinaire pour que tu daignes me croire. Mais t'en fais pas, je m'en vais et tu n'auras des nouvelles de moi que pour le divorce. Ce putain de divorce que je demande depuis des mois ! » Sur ces quelques mots je me dirige vers la sortie de sa chambre. Avant de quitter la pièce je me tourne une dernière fois vers mon futur ex-mari. « Pour ce que ça compte, je suis contente de savoir que tu es en vie. » dis-je sincèrement avant de m'en aller pour de bon.