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005 - Erwan & Lola - Je voudrais un bonhomme de neige...

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005 - Erwan & Lola - Je voudrais un bonhomme de neige...  Empty 005 - Erwan & Lola - Je voudrais un bonhomme de neige...

Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:03


Je voudrais un bonhomme de neige
Erwan Garden & Lola Gavelston

« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Jour de neige. J’avais perdu la notion du temps dans mon café librairie habituel et avait forcé la gérante, une blondinette fort sympathique, à me jeter dehors. Façon de parler, elle avait dépassé l’heure, n’osant pas m’interrompre dans mon écriture. Sortie de là avec une flemme monumentale, j’avais traversé la rue pour aller dîner juste en face, au Eat-Story, nouveau restaurant qui était déjà devenu une de mes adresses préférées. Non… Pas seulement parce que le propriétaire était charmant. Un peu malgré tout. J’avoue tout !

Toujours est-il que la neige qui s’était mise à tomber m’invitait à faire un bout de chemin à pied. J’avais décidé de couper par le parc pour gagner un peu de temps et écouteurs dans les oreilles, j’arpentais le parc en me dandinant. C’est que je me croyais seule, la neige en tombant ayant eu l’air d’amener avec elle le silence avant que je ne brise ce dernier en augmentant le volume de ma musique. Je me retrouvais donc à fredonner sans aucune retenue tout en marchant-dansant. Difficile de vraiment suivre le chemin habituel disparu sous la neige, mais je savais malgré tout dans quelle direction aller, connaissant les lieux par cœur.

Dans un grand moment de solitude, mon pied dérapait sur une plaque de verglas cachée sous une fine couche de poudreuse. J’avais tout fait pour me rattraper mais j’avais atterri de façon plus ou moins artistique dans la neige, sur le dos. Eclat de rire. Humeur de gamine. J’avais écarté les bras, faussement résignée, la musique dans les oreilles et prise d’un vrai moment de folie, je me mettais à écarter et ramener bras et jambes pour dessiner un ange dans la neige. J’avais repris ma chanson comme si de rien n’était. « Even I hit the dust, I'm gonna get back up and light up like a flare. I'll be burnin' » Tant pis pour le froid, ça m’amusait trop. Et en plsu de ça, ça me donnerait une bonne excuse pour me réchauffer avec un chocolat chaud une fois rentrée.  
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:08

Depuis que tu ne travaillais plus et que tu vivais sur tes économies en attendant de savoir que faire de ta vie, tu aimais avoir ces espèces d'habitudes de petit vieux. Et l'une de ces habitudes, c'était de marcher comme tu pouvais, aussi souvent que tu pouvais chaque jour, afin de faire travailler ta jambe. Il était un peu tard, tu appréciais de pouvoir te promener autant de temps que tu voulais sans personne qui t'attende - ou du moins fasse semblant de t'attendre.

Et puis tu faisais aussi l'expérience des plaisirs simples de la vie, comme par exemple t'essayer au jazz, écouteurs enfoncés dans les oreilles, appréciant de reconnaître autant d'instruments que possible, te laissant porter par la musique. Cette chanson-là, elle te transportait, et te rendait peut être plus négligent... Tu avançais un peu à l'aveuglette, t'amusant à jouer au chef d'orchestre avec tes doigts, sifflotant, heureux comme tu pouvais l'être. Oublier tout le reste, juste la musique et l'air frais qui te vivifiait.

Tu avançais donc un peu au radar, t'appuyant sur ta canne qui commençait à se faire vieille, après un an à être régulièrement sortie, et au bout d'un moment, vint ce qui devait arriver. Tu croisas aussi une petite plaque de verglas, qui te prit par surprise, et si tu parvins à ne pas t'étaler totalement, brisant ainsi ta dignité à tes yeux, tu finis à genoux, prenant appui sur ta canne, nez à nez avec une jeune femme qui semblait faire un remake de la Reine des Neiges. "Ah, euh, pardon !" Puis tu avais fini par ravoir les yeux en face des trous, tu pus voir la personne en face de toi. "Oh ! Lola !" Tu repris aussi tes esprits, vous n'aviez peut-être pas été assez intimes pour que tu te permettes de l'appeler ainsi. Après tout, en tant qu'éditeur, tu avais rencontré beaucoup d'auteurs aux soirées littéraires, principalement pour les rentrées.

Alors tu raclas ta gorge, souriant à pleines dents, malgré ton genou qui te faisait un poil souffrir : "Lola Galveston ! Je suis Erwan Garden, je travaillais à Garden Books... Est-ce que vous vous souvenez ?" Tu n'en étais pas certain. Après tout, tu avais raccroché il y avait bien un an, simplement tu avais une bonne mémoire des auteurs, surtout de ceux qui parvenaient à gagner tant de succès qu'ils étaient adaptés au cinéma. Tu avais pu voir les films autant que lire les livres, et tu avais donc une affection pour cet auteur.
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:08


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Une vraie gamine. Toute seule, dans ce parc, dans la nuit noire. Je pourrais m’inquiéter d’autant de calme, d’être à la merci d’un criminel à la recherche d’une victime, mais je n’étais pas du genre parano. Enfin, ça dépendait des moments. Ce soir, j’avais juste envie que cette chute absolument magnifique serve à exploiter mon âme d’enfant. A faire l’ange dans la neige, persuadée que de toute façon il n’y avait personne pour me surprendre au beau milieu de ce plaisir coupable.

Sauf que les écouteurs dans les oreilles, je n’avais pas entendu les bruits de pas étouffés par la neige. C’est une silhouette penchée juste devant moi qui me faisait me redresser d’un coup en étouffant un cri. Surprise et effrayée. Je tirais sur les fils de mes écouteurs avant de réaliser que l’homme se raccrochait à sa canne pour ne pas me tomber dessus. Ce n’était donc pas un vilain criminel, prêt à en découdre pour me dépouiller. « ça va ? » Prendre le temps de s’inquiéter que l’homme au visage familier bien qu’un peu dissimulé par la pénombre, n’était pas blessé.

Et rapidement, j’avais eu ma réponse. Moi aussi reconnue à la lumière des réverbères. Je m’étais redressée un peu plus, un grand sourire sur les lèvres à présent. « Monsieur Poésie ! » Je me souvenais parfaitement. La chance d’avoir une très bonne mémoire, presque trop bonne parfois. « Oui ! je me souviens parfaitement ! » Et je me souvenais parfaitement aussi qu’il avait quitté le milieu de l’édition. Je n’écrivais pas de poésie, avouais ne pas en lire beaucoup non plus, mais j’avais trouvé ça triste. La canne me rappelait aussi les rumeurs, sur une blessure. Apparemment, c’était vrai.

« Attendez, je vais vous aider… » Et laissant mon empreinte d’ange dans la neige, je me levais pour l’aider à en faire de même. « Je compte sur vous pour ne raconter à personne… ça. » Et je montrais la silhouette faite de neige écrasée et déblayée. « je n’assume qu’à moitié ! » et j’étouffais un rire. « Comment allez-vous ? En dehors de votre reconversion de cascadeur sur glace ? »
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:09

Tu avais ri au Monsieur Poésie. Il était vrai que beaucoup de ta vie tournait autour de cet art littéraire, ton emploi comme ton éducation et ta passion. Parfois tu te demandais même si d'autres se souvenaient de ton vrai nom. Au final, tu n'étais pas vexé, pas vraiment. Tu t'étais contenté de sourire, content qu'au moins elle se souvienne de ce surnom que tu appréciais.

Au moment de se relever, elle t'aida, et tu la remercias : "Merci, c'est gentil." Tu retiras les traces de neige au niveau de tes jambes, histoire qu'elle ne fonde pas sur tes vêtements et te donne froid. Bien que tu sois habitué aux hivers de New York, il n'en restait pas moins que tu n'étais pas vraiment porté sur les rhumes et autres joyeusetés de saison.

Elle te demanda de façon un peu détournée de garder le secret sur "ça". Tu jetas un oeil à ce qu'elle pointait, et là où tu avais cru qu'elle s'était juste ramassée, elle s'était en réalité amusée à faire un ange dans la neige, et un ange plutôt réussi même ! Tu ris un peu, le retour à l'enfance avec ce genre d'amusement, ça te plaisait quand bien même tu n'oserais probablement pas le faire toi-même. Néanmoins, tu rentras dans le jeu, mimant une fermeture éclair sur ta bouche : "Ne vous en faites pas, votre secret est sauf avec moi." Puis tu jetas la "clé" de ta bouche par dessus ton épaule.

Puis, tandis que tu étirais un peu ta jambe blessée dans l'espoir de faire partir son engourdissement douloureux, elle te demanda comment tu allais, en dehors de ta reconversion dans le domaine de la cascade sur glace. Là aussi, tu ris. Sans doute dédramatisait-elle ta canne, qu'elle devait avoir remarquée aussitôt qu'elle t'avait vu. "Hé bien, je dois avouer que le succès de ma carrière se fait désirer..." Dans cet air mi-abattu, mi-amusé, tu continuais à dédramatiser à ton tour. Après tout, il n'y avait, pour toi, rien de dramatique. Peut-être que tu intériorisais, mais au moins, tu n'avais jamais été très sportif, voire même tu l'étais plus depuis "ça" qu'avant. Mais tu passas vite à autre chose, souriant : "Plus sérieusement, moi ça va, rien à signaler. Mais vous ! Félicitation pour vos livres adaptés au cinéma. Des beautés." Tu mimas ce geste, menant le bout de tes doigts pour faire ce bruit d'appréciation, geste emprunté aux italiens d'après les croyances populaires, pour montrer que quelque chose était excellent. "J'espère que vous allez bien aussi ?" Après tout, tu étais bien placé pour savoir que si tout se passait bien au travail, il n'en était pas forcément de même dans la vie privée.
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:09


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Il y a des gens comme ça, dont on se souvient même si on n’a pas travaillé avec. A partir du moment où on évoluait dans le milieu du livre et qu’on se laissait prendre aux jeux de quelques salons littéraire, il n’était pas rare de rencontrer quelques têtes devenues familière. Je me souvenais bien d’Erwan pour l’avoir croisé à quelques reprises. Facile de remettre un nom et même un surnom sur ce visage. Même sans se présenter, j’aurais fini par le reconnaître.

Petit moment de complicité, je le priais de bien vouloir passer sous silence, le soir où Lola Gavelston retomba – dans tous les sens du terme - en enfance pour faire des anges de neige. En réalité, je serais la première à m’en amuser si les gens le savait mais c’était bien plus drôle de jouer les jeunes femmes faussement gênées d’avoir été prises en flagrant délit de gaminerie. Mains sur le cœur, au moment où il jetait la clé de ses lèvres, je levais les yeux au ciel exagérément soulagée. « Vous aurez ma reconnaissance éternelle. » Et bien vite je m’étais mise à rire, pas sérieuse pour deux sous.

« Parfois le talent demande du temps avant d’être reconnu et apprécié. Je crois en vous ! » avais-je surjoué, tapotant son épaule dans un geste d’encouragement qui frisait le ridicule. Au moins Erwan avait de l’humour. Quant à sa canne, je n’avais pas eu envie de la pointer du doigt directement. Pas par gêne, mais parce que je n’avais pas envie de retenir des gens ce genre de détail.
A son geste j’avais éclaté de rire, amusée mais également touchée par les compliments. « Merci, c’est gentil… » Je baissais légèrement la tête, mes mains se perdant dans mes poches, plutôt intimidée. J’étais fière de mes succès mais toujours un peu gênée quand on me complimentait directement. « J’ai du mal à réaliser parfois… Je me sens chanceuse. » Définitivement chanceuse. « ça va ! Rien de trop exalté à raconter. Le quotidien et ses habitudes. » Et ce n’était pas si mal, d’avoir des périodes sans drames et sans émotions débordantes.

« J’ai cru comprendre que vous n’étiez plus dans l’édition… Que vont devenir les poètes ? » Je souriais amusée avant de reprendre. « Vous avez été embarqué dans d’autres aventures ? » Curieuse, toujours. Vilain défaut, certes, mais je comptais toujours sur la personne en face pour refuser de répondre si j’allais trop loin.
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:09

Plaisanter, retomber en enfance, tu aimais bien. Elle était toujours aussi rafraîchissante, et tu avais le bonheur de constater, quand elle déclara qu'elle se sentait chanceuse, qu'elle n'avait pas pris la grosse tête avec son succès. Aussi, en ton for intérieur, tu ajoutas à la chance, qu'elle avait beaucoup travaillé pour cela, elle et son éditeur aussi. Après tout, tu étais bien placé pour savoir le travail que c'était pour mettre en avant un roman, un recueil de poésie. Cependant, tu gardais cela pour toi, comprenant parfois que les compliments ne devaient pas s'éterniser - cela devenait ensuite assez lourd. Tu fis donc un sourire léger.

Tu apprécias aussi la réponse simple, rien d'exaltant, c'était bien, ça t'allait aussi. Le calme quotidien, tes habitudes routinières, c'était parfait pour te soigner tes blessures et aussi te donner l'impression que les jours passaient, et que tu les voyais s'écouler. Tu acquiesças alors d'un air entendu.

Elle te demanda ensuite de tes nouvelles, plaignant visiblement le sort des poètes, étant donné ton départ de la Garden Books. Tu ne pensais pas être un tel rouage dans l'économie et la vie des poètes, mais peut-être étais-tu modeste ? Qui saura ! En tout cas, le monde poétique n'avait pas cessé de tourner après ta démission, ça non. Tu voyais toujours avec plaisir des recueils être publiés, des prix être décernés. La littérature avait encore de beaux jours devant elle. "On marche un peu ?" Tu ne pouvais pas rester debout immobile trop longtemps, alors tu proposas d'avancer alors que tu comptais répondre. Aussitôt la direction choisie et prise, tu répondis : "Oh, je me suis embarqué pour l'aventure de l'oisiveté un peu. Je cherche une nouvelle maison d'édition, peut-être même côté roman, qui sait ? De nouveaux défis. Mais voilà, je me suis pris un peu de temps sabbatique. Juste le plaisir d'aller au bistrot boire un verre, ou manger. Puis-je vous inviter d'ailleurs ? A moins que vous n'ayez d'autres plans ?" Tu avais aussi pris l'habitude, durant cette "nouvelle vie", de ne jamais cracher sur de la compagnie, au contraire, d'aller toujours vers l'avant, d'être plus sociable qu'avant où tu courais partout. C'était un autre rythme, et ça te plaisait beaucoup en tout cas.
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:09


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Alors qu’il proposait d’abord de se mettre en marche, je sautais sur l’occasion. « Avec grand plaisir, je suis morte de froid… quelle idée de se baigner dans la neige ! » et j’avais levé les yeux au ciel dans un sourire moqueur. En réalité, ça avait été très drôle mais maintenant, j’étais complètement trempée. Bouger me réchaufferait et s’il était partant, je proposerai bien à Erwan d’aller boire quelque chose de chaud une fois le parc traversé. En attendant, tout en rangeant mes écouteurs dans ma poche, je l’écoutais me répondre.

J’avais esquissé un premier sourire. L’expérience de l’oisiveté, je comprenais. Je trouvais ça toujours un peu culpabilisant dans une société où il fallait toujours travailler mais ça permettait parfois de se retrouver, de réfléchir à ce que l’on voulait vraiment et de sortir du quotidien : métro-boulot-dodo. D’un autre côté, je ne pouvais pas dire que j’avais une vie de ce genre. Vivre de mon art et de ma passion m’offrait un emploi du temps plutôt varié et plein de liberté.
Et avant même que je n’ai le temps de commenter sa nouvelle aventure, il prenait les devant. « Non, en fait, j’étais en train de me dire pareil. Que je ne dirai pas non pour boire quelque chose de chaud… Par contre j’ai déjà mangé, mais je ne suis pas contre prendre un dessert supplémentaire si vous voulez manger. » et en attendant de décider de notre destination culinaire, on continuait notre marche. La sortie n’était plus si loin. « ça fait du bien parfois, ce temps sabbatique. Surtout quand c’est utilisé pour aller vers autre chose ou expérimenter. » Je me souvenais de la pression juste avant mon premier roman et comment, en partant à Paris rejoindre mon frère pour ses études, j’avais été libérée de voir autre chose et de prendre le temps de vivre. J’étais revenue avec une belle ébauche et un futur grand succès.

« Je suis sûre que vous n’aurez pas de mal à trouver une place dans le milieu de l’édition… meme en changeant d’univers. Vous avez quand même une certaine réputation. » Il avait eu sa propre maison d’édition, c’est un beau C.V. en soi. Je ralentissais le pas alors qu’on avait traversé la grille du parc. « Je sais qu’il y a une brasserie dans le coin, on trouvera surement de quoi manger et se réchauffer… C’est pas mal du tout. » Je haussais les épaules, n’osant pas lui imposer de lieu si lui en avait peut-être un autre en tête.
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:10

L’inviter à poursuivre la discussion autour d’un verre chaud, dans un lieu surtout un poil plus chauffé, c’était une bonne idée. Tu ris quand elle proposa de manger un dessert si tu tenais à manger. Tu te promis intérieur de prendre juste un sandwich club afin de ne pas te manger une grosse assiette alors qu’elle ne faisait que grignoter, tandis qu’elle confirmait que ça faisait du bien de prendre un temps sabbatique, surtout pour aller vers autre chose, expérimenter. Il fallait dire que l’oisiveté était quelque chose que tu n’avais jamais vraiment connu. Et là, ce calme était nécessaire. Pouvoir simplement vivre. C’était totalement autre chose. Tu fis donc un geste de tête, acquiesçant totalement.

Puis elle te rassura sur le fait que tu n’auras pas de mal à trouver une place. Et quelque part tu n’en doutais pas. Il te fallait simplement le vouloir, probablement. Te sortir de ce quotidien qui te plaisait un peu trop, te donner les cartes en main pour vraiment te remettre sur les rails, en espérant que ton père n’ait pas cherché à faire du travail de sape sur toi. Tu doutais qu’il en soit capable, mais d’un autre côté, tu ne pouvais pas t’empêcher de le diaboliser un peu… « Je suppose que tout viendra à point. J’ai reçu quelques propositions, j’en ai vu d’autres. J’aimerais juste pouvoir rester à New York… Pas m’en aller à l’autre bout du pays. C’est assez compliqué, je suppose. »

Quand tu sentis que Lola avait quelque chose à proposer, une brasserie en tête, tu ne cherchas pas à discuter et tu lui demandas :« Laquelle est-ce ? Je n’habite pas très loin, je connais le quartier. On pourrait y aller, dans ce cas ? » Pour ensuite revenir, après avoir entendu la réponse et modifié le trajet en conséquence, à ce que nous disions un instant plus tôt, avant de parler de la brasserie. « Donc… Je n’ai jamais vraiment quitté New York, à part quelques déplacements professionnels. Vous avez voyagé, vous ? Il me semble avoir entendu parler de ça. »
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:10


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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] C’était toujours plaisant de rencontrer quelqu’un qui connaissait le milieu de l’édition. Ça n’avait rien de snob de dire ça, c’est juste que le risque d’ennuyer les gens avec l’écriture et tout ce qui tournait autour était un peu moins grand. Quelqu’un comme Erwan comprendrait facilement ce qu’on ressentait quand le syndrome de la page blanche vous frappait ou quand vous tombiez sur un texte qui vous transportait. Ça c’était le genre de connexion qui pouvaient se faire entre âmes passionnées de lecture.
« Il vous faut peut-être LE projet… Le manuscrit qui vous donnerait envie de revenir à l’édition. Peut-être que vous pourriez écrire, vous. » Et c’était une véritable interrogation. Tous les éditeurs n’étaient pas de bons écrivains, certes, mais peut-être Erwan avait-il une plume qu’il dissimulait aux yeux du monde. « Simon&Schuester ont un siège ici, à New York. Je dis pas que vous devriez postuler chez eux, mais c’est faisable. Rester ici. » Et j’étirais un sourire, celui de la gamine qui aimait sa ville plus que tout. « J’aurais été triste de quitter New York mais quand on écrit, on peut le faire de n’importe où alors j’ai sans doute plus de liberté qu’un éditeur. » Et je haussais les épaules, décidément inarrêtable. « Ou alors vous créez une nouvelle maison d’édition ! Ici ! On n’est jamais mieux servis que par soi-même non ? » Et je sentais que je m’enflammais alors que ça ne me regardait pas vraiment. Toujours dans les extrêmes. « Pardon, je m’emballe mais il y a tellement de possibilités… Dans tous les cas, je vous souhaite le meilleur à venir ! » ça lui laissait plein de chemin à parcourir et ça, c’est ce que j’aimais particulièrement écrire. Ces personnages qui avaient le choix et qui en fonction de ces mêmes choix vivaient des vies différentes.

« Il y a The Good Fork pas loin. Et Fort Defiance si on pousse encore un peu. » Au choix, de toute façon, c’était sur la même rue. Une fois d’accord, on se mettait en route, changeant légèrement de direction. Mains dans les poches, à discuter et marcher, j’avais oublié un peu l’humidité et le froid de la neige qui avait imbibé mes vêtements.
« Je suis comme vous. En tout cas, j’ai toujours vécu ici officiellement. » Et j’esquissais un sourire. « Mais j’adore les voyages. Ça a commencé avec ces quelques mois à Paris. Mon frère y faisait un semestre d’étude et on venait de me commander un premier vrai roman. Avec la pression je me suis retrouvée sans mots. J’ai pris mes économies et je suis partie. Ça m’a fait du bien, d’être loin, de souffler… » De bons souvenirs, vraiment. James me manquait à chaque fois que j’évoquais ce genre d’aventures où il apparaissait au moins dans le décor quand il n’était pas un personnage principal. « Et en réalité, chaque année, j’essaye de partir en voyage. Je change d’Etat ou complètement de pays, ça dépend. Cet été, je voudrais repartir en Australie par exemple. » Et j’avais déjà hâte d’y être.

Je posais une main sur son bras dans un geste d’excuse. « Je parle trop. Je suis désolée. C’est qu’une fois lancée, je suis là à dire tout ce qui me passe par la tête… Vous voyez, même pour m’excuser je suis en train de trop parler. » Et je plaquais une main sur ma bouche comme pour empêcher les mots de sortir. « Donnez-moi un coup de canne si je recommence ! » Et je faisais de grand hochement de tête pour confirmer que j’étais très sérieuse avant que la malice ne vienne se glisser sur mon visage. « A vous de parler. A part la poésie, vous avez d’autres passions ? » Au moins, s’il parlait, je n’allais plus l’ennuyer avec mes monologues interminables.
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:10

Tu souris en pensanti au projet qui pourrait te faire revenir. C'était possible. Après tout, tu avais quelques relations qui te demandaient parfois quand est-ce que tu te mettrais en selle. Tu espérais bientôt. Tu ne savais pas si ça serait toujours dans la poésie, ni même dans l'édition, qui savait. Elle fit aussi allusion à ce que tu pourrais écrire, toi. Tu pourrais. Tu le faisais d'ailleurs. Mais ces poésies que tu écrivais, tu n'en étais jamais satisfait, sans doute était-ce parce qu'on est le pire juge pour soi-même, mais toujours était-il que tu ne te considérais pas comme assez bon pour oser te mettre aux yeux de tous. « Je pourrais écrire en effet… Mais je reste bien meilleur éditeur, avouons-le. » Tu souris, en effet, tu avais toujours préféré mettre en valeur les ouvrages des autres. C’était plus facile que de se mettre soi-même sur le devant de la scène.

Tu ris encore quand elle souleva la possibilité que tu ouvres ta propre maison d’édition. Ca te semblait assez énorme comme projet, voire inviable. Pourtant c’était là certainement un manque de confiance en toi. Car tu connaissais ton boulot, sur le bout des doigts. Tu avais de l’expérience, c’était même le travail de ta vie, tu n’avais fait que ça. Donc au final, tu gardas cette idée dans un coin de ta tête. Tu n’y avais même pas pensé. Heureusement que Lola, si. « Merci beaucoup. Je garde en tête l’idée… Je n’y avais même pas pensé. » Après tout, faire concurrence à ton père, ce serait à la fois une bonne et une mauvaise idée. A toi de décider un jour, Erwan…

Vint le moment ensuite de décider enfin de l’endroit où vous iriez. Tu te portas sur The Good Fork, c’était le plus proche et tu ne comptais pas tenter le diable à pousser encore, étant donné que tu avais encore mal à ta jambe, tu avais hâte de te poser. Et enfin, vous vous mîmes à parler voyage, notamment. Tu avais posé la question, étant donné que tu n’en avais pas le goût personnellement, il était possible que Lola, si.

Et visiblement, elle en avait réellement le goût. Paris, les États-Unis dans leur ensemble, l’Australie ! Pourquoi pas. Tu ne pouvais pas concevoir toutes ces heures de vol, juste pour… Voyager. Tu n’y étais jamais parvenu. En tout cas : « Si vous le voulez tant, vous irez. » Mais pourtant, alors même que tu te sentais bien à l’écouter parler pour deux – ça te permettait de te poser, aussi – elle s’excusa de le faire, te tenant le bras. « Mais non, mais enfin ! » Pour ensuite avoir un énorme fou rire quand elle parla de lui donner un coup de canne. Tu ne pouvais pas t’imaginer faire ça, d’ailleurs : « Je n’oserai jamais ! » Certainement que après avoir quitté Lola, tu finiras par avoir mal aux zygomatiques. Bon, certes tu avais de l’expérience en rire, tu t’y étais mis avec passion durant cette période d’oisiveté, tu fuyais le négatif, les tensions, mettant un peu de joie dans ta vie, mais il n’en restait pas moins que cette activité restait… Sportive, d’une certaine façon.

Pour autant elle te demanda si tu avais des passions, toi. Cette question arriva au moment où vous arriviez au Good Fork, tu pris donc le temps de lui ouvrir la porte, puis d’aller vous installer à l’intérieur. Tu ne fumais pas, et de toute façon, vous aviez besoin de vous mettre au chaud. Et de sécher les manteaux aussi, qui avaient pris de l’humidité avec la neige. Tu l’aidas à retirer le sien, de Lola, puis tu installas le tien sur ton dossier, tout en répondant : « Je n’ai jamais été très voyage. J’ai bougé un peu pour la promotion des livres que je publiais, pour autant je n’ai jamais réellement profité, ni vraiment désiré le faire. Je ne sais pas pourquoi, je suppose que je suis bien chez moi ? Par contre, je dois avouer que depuis assez jeune, je suis passionné par le langage des fleurs. » Cela avait été compliqué à assumer durant un temps. Homme passionné par les fleurs, évidemment, tu avais parfois été réduit à une orientation sexuelle – homosexuel, à tout hasard – voire même moqué par certains. Mais maintenant, tu t’en moquais. C’était ainsi, tu aimais ce langage, de la même façon que tu pouvais trouver l’espagnol beau, le français poétique, le japonais doux à écouter. Tu pris tout de même le temps de t’expliquer : « Les mots sont beaux, sont utiles, ce serait étrange de la part d’un éditeur de penser le contraire. Pourtant, il y a des choses qui ne peuvent être exprimées verbalement, il me semble. Et les fleurs peuvent, juste par des senteurs, des couleurs, des formes, dire ce qui manque. »

Tu aurais pu en dire plus, cependant un serveur vint pour prendre votre commande. Tu demandas alors simplement : « Bonsoir ! Alors, euh… Je vais prendre un Americano, et un petit sandwish club… Oui. Voilà. Et vous, Lola ? »
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:10


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Il n’avait pas forcément balayé l’idée de façon catégorique, mais s’était avoué meilleur éditeur. D’un air malicieux, je faisais non de la tête avant de murmurer sur un faux ton de confidence. « Je n’avouerai qu’une fois que j’aurais lu vos écrits… » C’est que pour pouvoir dire s’il valait mieux qu’il écrive ou qu’il laisse les autres faire, il me fallait découvrir ses mots à lui. En attendant, mon avis resterait en suspens.

Restait qu’Erwan faisait face à des centaines de portes qu’il pouvait franchir quand ce serait le moment ou l’occasion. Je m’étais concentrée sur le milieu de la littérature, mais après tout, il aurait pu changer radicalement de voie. « Je ne prends pas cher en commission si jamais vous réalisez ce projet grâce à moi. » Pure plaisanterie, bien évidemment. « Sinon, il y a l’option partir loin et élever des lamas. Ou alors rester à New York et devenir le premier éleveur de lamas de Central Park. » Et j’avais exposé cette idée avec un sérieux déconcertant, amenant aussitôt un rire sur mes lèvres une fois l’effet comique dissipé.

Sur le chemin pour « la bonne fourchette » comme l’aurait appelé les français, nous discutions voyages. Enfin… Je discutais et le pauvre Erwan se retrouvait à m’écouter parler pour deux, emballée par le sujet, passionnée par toutes les découvertes que j’aimais faire et qui m’attendaient encore. Je lui donnais tout de même la permission de me donner un coup de canne si ma propension à parler trop lui en donnait l’envie. « Oh, j’ai la tête dure » Et du poing, je toquais doucement sur ma petite tête, avec un sourire amusé.

La chaleur de la brasserie faisait du bien, même si en contraste avec l’extérieur, elle était presque brûlante. J’avais remercié Erwan, touchée d’autant de galanterie lorsqu’il m’avait aidé à retirer mon manteau. Geste prévenant et assez rare de nos jours. Autant vous dire que la demoiselle sensible à ce genre de petites attentions avait apprécié.
Installée sur le petit coin de banquette, je l’écoutais parler des voyages qui en réalité ne semblait pas l’intéresser. Je pouvais comprendre. Chacun était différent. Le langage des fleurs, par contre, je ne m’y étais pas attendue. Aussitôt, je pensais au grand-père de ma meilleure amie, un vieil italien à l’âge de la retraite plus que dépassé et qui tenait toujours sa boutique. Un amoureux des fleurs qui savait vous raconter des histoires sur les plantes, leur langage et leurs légendes. Je pouvais passer des heures à l’écouter.
Tête calée dans ma main, j’écoutais avec autant de plaisir M. Poésie me parler de ce qu’il aimait chez les fleurs. Je me mettais à sourire, comprenant ce qu’il voulait dire. La sensibilité d’Erwan – facile à deviner quand on savait qu’il aimait la poésie – avait quelque chose de touchant et charmant.
Intérieurement, j’avais presque pesté contre le timing du serveur. Rapide et efficace mais qui avait interrompu l’éloge des fleurs. « Un cappuccino et une gaufre s’il vous plait. » Après tout, j’avais décidé de m’offrir un dessert. Le serveur était reparti avec nos commandes et je ramenais le sujet précédent sur la table. « Le grand-père de ma meilleure amie est un fleuriste. Il raconte toujours de belles histoires sur les fleurs. Je pourrais l’écouter sans me lasser. » Et j’esquissais un petit sourire en me remémorant les souvenirs dans sa boutique. « Est-ce que vous avez une fleur que vous préférez par-dessus tout ? Ou plusieurs ? » Je faisais mine de réfléchir. « Dans un bouquet pour vous, il faudrait des bleuets et… » Je faisais appel aux longues divagations du fleuriste italien pour continuer de le composer. Des fleurs synonymes de poésie, il y en avait dans mes souvenirs. « Et de l’églantine. Quoique je ne suis pas sûre que tout ça se marierait bien dans un bouquet. Raison pour laquelle je suis auteur et non fleuriste. » Mieux valait en rire.
Et je me redressais soudain sur mon siège comme piquée par l'évidence. « Oh mais voila! On peut rajouter fleuriste à votre liste des possibilités de reconversion ! » Et l'enthousiasme débordant et décalé avait encore frappé. « Vous trouveriez un nom de boutique poétique, ou alors vous pourriez l'appeler "le jardin de M. Poésie.". » J'avais mimé la devanture, bras écartés comme déroulant une banderole. Toujours théâtraliser ce genre d'idée un poil farfelue. Amuser la galerie le plus souvent possible même si pour le coup, la galerie, c'était Erwan assis en face de moi et qui allait peut-être regretté de s'être laissé embarqué par une auteur un peu folle. « Vous pourriez glisser des cartes avec des poèmes dans les bouquets, en fonction de l'occasion. Et les gens reviendraient autant pour vos mots que pour vos compositions qui en diraient plus encore que les vers et les rimes. » Et je me calmais, comme si la vague de folie s'était brisée sur la plage avant de repartir tranquillement.  « Je serai votre première cliente, promis! » Et mes yeux rieurs accompagnaient un sourire malicieux.
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:11

Tu aimais bien discuter avec Lola, elle était diablement rafraichissante. En fait, avec ses petites plaisanteries, ses idées farfelues, comme le fait d’élever des lamas à Central Park, tu étais hilare. C’était agréable, et tu passais une bonne soirée, surtout à partir du moment où vous étiez au chaud, avec la possibilité pour toi de manger un bout. Un sandwish club ça te suffisait largement, et commander ça, accompagné d’un americano, ça te fera ton repas du soir. Heureusement, la jeune femme face à toi prit tout de même quelque chose à manger, tu n’aurais pas voulu être tout seul sur ce coup-là…

Tandis que vous attendiez d’être servi, elle te parla du grand-père de sa meilleure amie qui était fleuriste, jamais à court de belles histoires. Tu souris à cette introduction, tu aimerais toi aussi devenir un jour un vieil homme aux fleurs, et tu le pouvais, une fois ta retraite prise. Tu voudrais tellement t’acheter une petite maison avec un jardin, peut être avec des petits enfants ? Qui savait… Et t’assurer d’avoir une serre, avec tout un tas de variétés que tu cultiverais avec amour.

Elle te demanda quelle était ta fleur préférée, et tu eus bien du mal à te décider… Parce que tu en aimais tant, pour chaque humeur de la journée, chaque occasion. Elles étaient toutes belles, et tu les aimais d’un amour inconditionnel. Qu’elles soient jaunes, vertes, blanches, multicolores, peu importait. Heureusement pour toi tu n’eus pas à répondre tout de suite, puisqu’elle embrayait sur autre chose, à savoir créer un bouquet pour toi. Tu l’écoutas attentivement, te demandant ce qu’elle allait bien pouvoir te proposer… Bleuet, symbole de l’amour timide, de la timidité et aussi de la rareté… Etant donné son bleu qui n’était pas souvent aussi pur chez les plantes. Quant à l’églantine, c’était un symbole des poètes, d’un rose très doux. Du printemps aussi, de sa douceur et son renouveau.

Tu rougis un peu, à cette description qu’elle faisait de toi. C’était un très joli bouquet, en toute simplicité, et douceur. « Je trouve que ça me va bien, pour autant… Merci pour tous ces compliments. C’est très bien trouvé ! » C’était étrange pour toi d’être décrit de cette façon, comme un être doux, gentil et rare. Sans compter ce rappel de ton côté poète, après tout, elle avait bien exprimé son désir de te lire un jour. Tant de choses dites avec deux fleurs ! Tu en vins même à penser qu’elle avait dit tout ça un peu au hasard.

Puis, elle eut elle aussi, comme toi, l’idée que tu puisses te lancer dans une boutique de fleurs, à ton tour. L’idée était là, et tu te sentais capable de le faire mais… Tu y réfléchissais encore. Pourrais-tu quitter le monde du livre, pour le monde des fleurs ? Tu ne savais pas. En tout cas, tu aimas beaucoup l’idée de nom de boutique. « J’avoue que j’y ai pensé, à ouvrir une boutique… En tout cas, je note l’idée de nom, j’aime beaucoup. » Sans compter qu’elle avait déjà des idées volubiles, Lola, elle te donnait des idées que tu notais malgré-toi dans un coin de ta tête. Après tout, cela pourrait bien se faire, qu’est-ce que tu en savais ? Tu souris quand elle déclara qu’elle sera ta première cliente. « A ce niveau là, autant faire de vous une partenaire d’affaire, vous semblez encore plus emballée que moi ! » Tu ris, pour ensuite lever les yeux quand on vint vous servir. Tu attendis patiemment qu’on te dépose ta petite assiette ainsi que ton café, le service était étonnamment rapide comparé à d’autres endroits.

Et lorsqu’elle fut repartie, tu revins vers Lola, décidant de lui rendre la politesse du bouquet. « Du coup j’y pensais… Si je devais vous faire un bouquet, ce serait sûrement avec une touche de gerbera, c’est une fleur qui représente beaucoup la gaité, la modernité. Vous avez beaucoup d’énergie, ça vous irait comme un gant ! Un peu comme les enfants, qui font ces anges dans la neige… Avec de l’amaryllis et du glaïeul, ce sont deux symboles du succès, pour votre livre qui se vend si bien. Et du jasmin aussi… C’est une fleur énivrante, qui invite au voyage. C’est très bien pour vous. Cela ferait un très joli mélange de couleur et de senteurs. Tout ça avec… Oh, je n’ai pas de poème de mon cru, mais peut être une citation d’Edouard Herriot, la persévérance dans une idée juste en amène le succès tôt ou tard. En espérant que ça porte chance à votre carrière tout comme à vos désirs de visiter de nouveaux coins. » Et tu finis cette composition en buvant enfin une gorgée de ton americano, prêt à avaler enfin une bouchée de ton repas si attendu…
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:11


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] J’avais fait comme je pouvais, avec mes souvenirs, avec ce que j’avais retenu. Certes, il se trouve que j’avais une très bonne mémoire mais de là à me présenter comme spécialiste des fleurs, juste parce que j’avais entendu le même fleuriste italien raconter les mêmes histoires encore et encore, on en était très loin. Néanmoins, le choix des fleurs pour Erwan me paraissait plus que judicieux. C’était l’harmonie de couleur dont je n’étais pas tellement certaine. Ça avait eu l’air de toucher l’ancien éditeur et je m’étais contenté d’un sourire, un peu gênée. Il avait raison Erwan, les fleurs pouvaient dire ce que les mots ne disaient pas et des fois c’était encore plus passionné que les mots. Plus brut. Plus démonstratif.

Et d’une idée à l’autre, je l’avais imaginé fleuriste, avec le nom de sa boutique écrit en grand au-dessus de la devanture. Des clients qui viendraient et reviendraient pour le poète qui vend des fleurs. Dans ma tête, ça avait de l’allure. « Ouh ! Mauvaise idée ! » Et je levais les yeux au ciel. « J’ai un caractère trop instable pour être une partenaire d’affaire. » Je souriais amusée. « Mais je peux investir, ça c’est faisable. » Il y en a qui mettaient leur argent en bourse, dans des placements financiers qu’un conseiller leur avait trouvés. Moi, investir dans une boutique de fleur, même si ça ne me rapportait pas grand-chose ça me ferait plaisir. C’est bien plus poétique que des actions dans n’importe quelle entreprise de guerre. Deux mondes. Deux univers. « Oui ! Appelez-moi le jour où vous vous lancez ! » et j’affichais un sourire malicieux.

Je remerciais le serveur qui nous ramenait déjà nos commandes. Un sachet de sucre dans le café – oui, je sais, quel affront ! – et je levais les yeux vers Erwan qui s’était lancé dans un bouquet. Pour moi. Touchée. Encore plus en l’entendant parler des gerbera. C’était l’une de mes fleurs préférées. Il avait eu le droit à un regard réprobateur quand il parlait des anges dans la neige, comme une façon de dire « c’est un secret entre nous, n’oubliez pas. » Et petit à petit, dans ma tête, le bouquet prenait forme. Aux gerbera se rajoutaient l’amaryllis, le glaïeul, le jasmin. Il était plutôt joli ce bouquet, très joli même. Je laissais terminer Erwan, les mots d’Edouard Herriot achevant la composition et avec un sourire tout doux, j’appréciais mon bouquet même s’il n’était même pas là, entre mes mains, véritablement. « Les gerbera font partie de mes fleurs préférées. Avec les Lys entre autres. » Une gorgée de café plus tard, je reprenais la parole. « Merci en tout cas pour ce beau bouquet. L’avantage c’est que dans ma tête, il ne fanera jamais. » ça resterait comme une petite bulle de couleur et de parfum.

« Bon appétit ! » et après avoir essayé de manger ma gaufre avec élégance, en tentant d’en détacher un bout avec la petite cuillère, je jetais l’éponge. « Bon, désolée pour la convenance, mais… » J’attrapais la gaufre entre mes doigts et croquait dedans avec appétit. « Je crois que c’est encore meilleur comme ça. » Une bouille de gamine et un sourire gourmand. Dessert parfait. Fin de soirée parfaite. J’étais presque contente qu’Erwan me soit tombé dessus, la cascade en moins, bien évidemment. Je reposais ma douceur parsemée de sucre glace dans la petite assiette avant de frotter mes mains avec la serviette et de prendre un air un peu plus sérieux.
« Est-ce que je peux vous demander ce qui est arrivé ? Pour votre jambe ? » Et tout de suite, je m’empressais de mettre les formes autour de ma question. « Vous n’êtes pas obligé de répondre bien évidemment. » C’était peut-être un sujet tabou, ou fatiguant à évoquer à chaque fois, je pouvais le comprendre. « J’espérais ne vous montrer que mes meilleures facettes mais vous venez de rencontrer madame curiosité, l’un de mes plus gros défauts. » façon de plaisanter et de détendre l’atmosphère si jamais j’avais mis les pieds dans le plat.
 
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Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:11

C'était assez amusant comment votre discussion devenait presque une promesse d'investissement pour une boutique de fleur. Même si tu n'y croyais pas encore vraiment, même si tu pensais que c'était surtout une petite plaisanterie, tu promis en tout cas de l'appeler si tu venais à te lancer. En tout cas, tu avais retourné la politesse du bouquet de Lola avec un des tiens, une petite composition sur le vif. Et visiblement, ça plaisait à ton amie du soir, qui avait eu un sourire qui te plaisait ainsi que le mot qu'il fallait, expliquant que les gerberas étaient ses fleurs favorites, avec les lys. C'était effectivement très bien adapté, ça lui allait bien. Et tu étais heureux de faire mouche... Cet art floral avait le don d'être si beau, et de permettre un sourire, même fugace, mais toujours sincère. Content et flatté, tu avais alors légèrement rougi en prenant ton café à ton tour, sans sucre - tu en avais pris bien trop pendant des années, et maintenant tu voulais arrêter. "Heureux que ça vous aille."

Tu lui avais souhaité un bon appétit aussi, commençant à manger ton club avec tes couverts. Tu avais l'habitude de les coucher, tes clubs, mettant un cure dent au milieu pour qu'ils tiennent, un peu comme les hamburgers d'ailleurs, et d'en prendre morceaux par morceau. Tu n'étais pas vraiment fan de manger avec les doigts, sûrement l'éducation légèrement trop stricte de ton père qui aimait trop le qu'en dira-t-on. Le peu de fois que tu avais essayé de faire ça, en dehors des nourritures sèches comme les biscuits, et aussi les fruits s'ils n'étaient pas déjà découpés et disposés dans une coupelle... Oh, tu l'entendais encore, Patrick Garden, te crier que tu n'étais pas convenable.

Pourtant, quand tu entendis Lola s'excuser pour la convenance, tu avais vite avalé ton bout de sandwich pour demander ce qu'il se passait, mais sans même avoir le temps... Tu l'avais vu attraper la gaufre comme tu aurais aimé le faire adolescent, et tout de suite, tu l'avais pardonnée, d'un rire : "Oh, il n'y a pas de mal. On n'est pas à l'un de ces repas littéraires guindés..." Tu te souvenais d'eux avec tendresse, surtout de cette rentrée littéraire, où tu avais eu l'occasion de voir Penny. Où tu t'étais éclipsé une partie de la soirée, du moment où tu accueillais les invités, jusqu'au discours où tu étais arrivé légèrement essoufflé et rougissant.

Tu avais continué à manger, simplement, regardant avec affection et amusement la jeune femme qui était telle une enfant avec son dessert, alors que tu avais presque terminé la première moitié de ton club. Il fallait dire que tu étais assez lent pour finir tes assiettes, probablement pour cela qu'on mangeait rarement avec toi. Pourtant à un moment, tu fus surpris de la voir devenir sérieuse, envolée l'amusement qui était présent un instant plus tôt. Tu compris bien vite que tu avais droit aux questions sur ta jambe. Par réflexe plus que pour autre chose, tu l'avais regardée, cette jambe que tu devais soulager avec la canne posée contre la table. Elle s'était empressée de te dire que tu n'étais pas obligé de répondre, et tu ne l'étais vraiment pas d'ailleurs.

Toi aussi tu étais devenu sérieux, pour le coup. Tu hésitais. Après tout, ce n'était pas une histoire très drôle. Elle te fit sourire en te présentant sa curiosité, et tu répondis pour la forme : "Ne vous en faites pas, je suis moi aussi curieux, et je sais que ma jambe attire les questions. Ca faisait longtemps que je n'en avais pas eu, d'ailleurs." Ce n'était pas un reproche, loin de là. Probablement avais-tu rencontré essentiellement des personnes qui acceptaient sans poser des questions, ou qui avaient trop peur de te froisser.

Peut-être que tu devrais sortir l'histoire, une bonne fois pour toutes. Après tout, c'était une histoire, la tienne, mais une histoire quand même, et tu étais face à quelqu'un qui saura l'apprécier, probablement. Tu n'avais juste jamais tout raconté d'un coup, seulement par morceau, petit à petit, en thérapie de groupe, à des amis qui connaissaient déjà une partie de l'histoire...

Tu repris une bouchée de ton club, puis tu commenças la version simplifiée. "L'année dernière, j'ai rencontré quelqu'un, à une période un peu difficile de ma vie." Tu espéras que Lola ne se souvienne pas que tu étais marié à cette époque-là, avec une femme nommée Sidney, qui venait souvent aux soirées littéraires avec toi, pour les apparences. Mais tu continuas : "Penny a assez vite chamboulé ce que je pensais acquis et permanent, et avec lui, j'ai vécu quelque chose d'assez extraordinaire. Simplement, je me suis disputé avec quelqu'un, ce soir-là, ça avait été particulièrement violent." Avec Sidney, qui t'avait annoncé être enceinte de son amant. Tu avais juste craqué, tu étais devenu quelqu'un dont tu n'étais pas fier.

En fait, tu te rendis bien vite compte que tu ne te sentais pas honnête. Que l'histoire était toujours incomplète. Alors tu voulus reprendre. "Non, en fait, ce n'est pas exactement ça. Désolé, je recommence." Tu essuyas ta bouche de la sauce de ton repas, pour reprendre, avec plus d'honnêteté. "J'étais marié, avec mon ex-femme, Sidney. Ca n'a jamais été vraiment idyllique entre nous, et pour être honnête, nous nous sommes mariés surtout car nos parents le voyaient bien ainsi. Et nos quelques années de mariage, j'avais été... Un peu éteint. Et c'est là que j'ai rencontré Penny." Tu eus un sourire affectueux. Malgré vos moments négatifs, il t'avait fait du bien. "Je l'ai rencontré car nous souhaitions qu'il publie son histoire chez Garden Books, vous savez, on a une branche témoignages, et il était militaire. Une sorte de... Coup de foudre, si on veut." C'était un peu ça pour toi, tu n'avais jamais su pour Penny. L'attraction était terriblement forte, pourtant, vous aviez tant de mal à vous comprendre, vous étiez de mondes différents, de vies différentes, pratiquement impossibles à imbriquer. "Nous avons pu connaître un début d'histoire, dont je ne regrette au final rien. Même si ça impliquait... Sidney. La dispute ce soir-là, c'était elle m'annonçant qu'elle était enceinte d'un autre homme. Je me doutais qu'il y avait ce quelqu'un, simplement... Ce soir-là, j'ai craqué et je suis devenu quelqu'un que je ne voulais pas être. Alors je suis parti et j'ai voulu aller voir Penny. Il vivait dans un quartier du Bronx, pas très bien famé, et je n'ai pas réfléchi, je ne connaissais pas son adresse, j'ai été l'attendre à un bar, à tenter de l'appeler toute la soirée. Et il y a eu une fusillade."

Tu te souvenais à peine de la fusillade, tu l'avais enfouie en toi-même de façon à ne plus revoir ces flashes que tu avais, avant, à l'hôpital. Tu ne comprenais pas réellement tout ce qui s'était passé, d'ailleurs, l'enquête allait bientôt déboucher sur un procès. Tu allais avoir toutes les réponses dont tu avais besoin; bientôt. "A mon réveil à l'hôpital... Je crois qu'il a eu peur, que ça lui a rappelé quand il était encore militaire. Et il m'a laissé où j'étais, alors que j'avais pris... ... Dans la jambe. Dans la foulée, j'ai divorcé de mon ex-femme. Et je me suis laissé aller. J'aurais pu m'en remettre, mais au final, j'ai mis du temps à reprendre la rééducation. Ca a donné que ce qui aurait pu être guéri est devenu assez permanent." Tu soupiras à nouveau, et tu déclaras : "Et j'en suis là, aujourd'hui. Voilà." Et comme pour te redonner une contenance, tu pris encore une bouchée de ton plat, ainsi qu'une gorgée de café.

Pour enfin regarder le visage de Lola, voir ce qu'elle pensait.
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Message par Lola Gavelston Mer 23 Jan - 1:11


Je voudrais un bonhomme de neige
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« I love snow for the same reason I love Christmas: It brings people together while time stands still. Cozy couples lazily meandered the streets and children trudged sleds and chased snowballs. No one seemed to be in a rush to experience anything other than the glory of the day, with each other, whenever and however it happened. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il avait rougi, encore une fois. Ça m’avait arraché un sourire, intimidé. Je me demandais si mes pommettes n’avaient pas rosi légèrement. Juste assez pour pouvoir prétexter que c’était le froid et pas une autre émotion. C’est que je le savais, j’étais un cœur tout mou, cœur d’artichaut, sensibilité à fleur de peau. Ce genre d’attention, même un bouquet imaginé dans ma petite tête en écourtant Erwan parler, ça suffisait à me faire sourire.

Erwan avait commencé à manger son sandwich avec élégance. Ce qui me poussait sans aucun doute à m’excuser un peu – certes, surtout pour la forme – quand je décidais de croquer dans ma gaufre, laissant tomber fourchette et couteau qu’on avait pourtant mis à ma disposition. Ça n’avait pas eu l’air de perturber le poète, le faisant même rire et ça m’encourageait à me moquer des convenances. « Je n’y vais jamais. » C’était l’avantage d’être une auteur grand public et populaire. On me snobait et ça pouvait parfois être frustrant mais on ne me demandait pas d’assister, la bouche en cul de poule – pardonnez l’expression – à des soirées où même pour discuter petit four, il vous fallait un bac+10 en vocabulaire. Je n’avais jamais eu la prétention d’être une auteure à la plume incroyable. Quand un lecteur me disait qu’il avait dévoré l’histoire, incapable de s’arrêter entre deux chapitres, ça valait tous les Goncourt de la terre. « Je ne suis pas vraiment le genre d’auteur qu’on invite. » Et je louchais sur ma gaufre ne loupant pas l’occasion de plaisanter. « Je pense que c’est parce qu’ils savent que je mange avec les doigts. C’est rédhibitoire. » Et je prenais un air très sérieux, très concerné, juste quelques secondes avant qu’un grand sourire amusé n’étire mes lèvres.

Peut-être était-ce l’ambiance calme et chaleureuse de la brasserie, ou le fait qu’on avait plaisanté comme deux personnes se connaissant depuis longtemps, mais j’avais osé le questionner sur sa jambe. Sur cette canne qu’il était obligé d’utiliser. J’avais fait un peu d’humour, pour dédramatiser et l’assurer de se sentir complètement libre de ne pas me raconter. Ça n’avait pas eu l’air de le froisser, bien que ses traits étaient légèrement plus tendu. Ma curiosité le poussait à replonger dans des souvenirs que je supposais désagréable. Je n’avais pas juste idée d’à quel point je remuais certaines blessures, autre que physiques.
Une gorgée de cappuccino, je m’étais fait silencieuse. Prête à écouter n’importe quelle version de l’histoire. Respectant totalement le degré de confidence qu’il voudrait bien m’accorder.
Premier jet. Je tentais malgré moi – déformation professionnelle oblige – de lire entre les lignes. Un certain Penny et un autre protagoniste mystérieux. J’avais commencé par faire un signe de tête, façon de montrer qu’il avait toute mon attention, persuadée que tout deviendrait plus clair au fur et à mesure du récit. Je n’avais même pas relevé la rencontre peu compatible avec son mariage, la vie privée des uns ne me regardant pas vraiment. Mais avant d’en savoir plus, Erwan s’était arrêté et je commençais à culpabiliser de lui avoir posé la question.

Contre toute attente pourtant, il choisissait de recommencer et dès ses nouveaux premiers mots, je comprenais qu’il allait m’offrir l’histoire et tous ses détails. Brute. Sans chercher à l’embellir. Et je m’étais redressée parce que je savais que ce genre de confidences étaient précieuses et nécessitait d’être écoutée jusqu’à la moindre respiration.
Aucun jugement pour son mariage, avec cette Sidney que j’imaginais dans ma tête. Penny retrouvait sa place, celle de quelqu’un assez important pour raviver la flamme chez Erwan. En le voyant sourire à l’évocation de cet homme, j’avais souris à mon tour. Un petit signe de tête pour manifester mon intérêt et je calais ma tête dans ma main pour l’écouter comme une gamine écoute une belle histoire de princesse. Un coup de foudre. Je n’en ai jamais vécu. Ou alors à sens unique. C’était bien mon truc à moi, de m’emballer pour quelqu’un qui ne savait même pas que j’existais. Je trouvais ça d’autant plus beau quand deux âmes semblaient s’être reconnues depuis le départ.
C’était triste ce mariage. Chacun se retrouvait marié avec quelqu’un qu’il n’aimait pas vraiment et chacun semblait avoir trouvé l’amour ailleurs. Des chaines que les convenances, les familles leur avaient cloué au pieds. C’était digne d’une tragédie, ça annonçait l’absence de fin heureuse.
La dispute. Le Bronx. Un amour injoignable et la fusillade. Dans tout mon romantisme, j’espérais que Penny s’était précipité à son chevet. Il n’en était rien. Penny avait disparu, sortant littéralement de la vie d’Erwan et mon visage à présent montrait combien je me sentais désolée pour le poète. En silence, je l’observais reprendre son repas, comme si les mots avaient besoin d’un peu de temps avant d’être commentés.

« Je suis vraiment désolée. » ça n’avait pas du être facile. Ça ne devait pas être complètement plus facile, encore aujourd'hui. « Il n’a jamais essayé de revenir ? Vous n’avez pas essayé de le recontacter ? » Un coup de foudre, ça valait la peine de se battre, de faire des efforts même si ça finissait comme un coup d’épée dans l’eau. « Vous n’auriez pas envie de reprendre la rééducation ? Peut-être que malgré tout il n’est pas trop tard… » Je haussais doucement les épaules.
Je prenais une dernière gorgée de café, silence nécessaire avant de relever les yeux vers lui. « Merci en tout cas… D’avoir raconté… » Surtout sans chercher à se préserver, sans chercher à cacher ce que n’importe qui aurait pu vouloir cacher. « Je me sens privilégiée et je suis touchée que vous m’ayez fait assez confiance pour ça. » Et je lui offrais un petit sourire tout doux et en même temps plein d’encouragement. « Je ne sais pas s’il y a vraiment quelque chose à dire après tout ça mais, j’espère que la suite de votre histoire, qu’elle réintègre d’anciens personnages où des nouveaux, vous permette de vous épanouir. » Et parce que l’humour n’était jamais bien loin, je rajoutais. « Et puis la canne ça a son charme. Ça fait mystérieux dandy. » Et j’affichais cette fois un large sourire amusé.
 
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Lola Gavelston
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005 - Erwan & Lola - Je voudrais un bonhomme de neige...  Empty Re: 005 - Erwan & Lola - Je voudrais un bonhomme de neige...

Message par Erwan Garden Mer 23 Jan - 1:12

Sortir toute cette histoire avait finalement été étrangement facile, comparé à ce que tu t'attendais de ressentir. Tu avais l'impression que c'était arrivé il y avait bien des siècles maintenant, tu avais un étrange détachement que finalement... Tu te demandais si c'était vraiment arrivé. Si tu ne t'étais pas inventé tout ça. Pourtant, quand tu étais chez toi, en caleçon et tee shirt, tu la voyais, ta jambe, l'impact de balle qui ne partira sans doute jamais, cette atrophie qui ne bougera pas avant un bon moment, probablement jamais entièrement. Enfin, tu vivais avec désormais.

Tu te reconnectas au présent quand Lola s'excusa, tu ne savais pas pourquoi ? Tu n'eus pas le temps de demander qu'elle posait la queestion de s'il n'était jamais revenu, Penny, si tu n'avais jamais essayé de le recontacter. Tu répondis simplement : "Nous avons pu nous revoir par la suite, mais quelque chose s'est brisé, je pense. Nous étions trop différent, et maintenant, il est sur un bateau, je crois." Probablement pour Greenpeace si tu en comprenais bien son instagram où il partageait encore parfois des photos, que tu voyais quand tu y passais. Puis, Lola passa au sujet de la rééducation, tu la détrompas : "Oh, je l'ai reprise depuis. Deux fois par semaine, j'ai rendez-vous avec le kiné, c'est dur mais je le fais. Simplement, je crois que j'aurai toujours une canne."

Elle te remercia de lui avoir raconté ton histoire. D'un côté elle avait posé la question, elle pouvait bien avoir la réponse, n'est-ce pas ? Elle se sentait privilégiée, et d'un côté c'était vrai, d'un autre... Elle était là au bon moment, elle avait posé la question, et tu t'étais simplement senti d'y répondre. Tu te contentas alors de sourire, après tout, c'était vrai, quelque part. Le privilège avait été dans le timing, la personne, tout un ensemble qui faisait que tu avais lâché les vannes. Même qu'à sa plaisanterie, tu laissas sortir un petit rire, baissant ensuite la tête pour arranger la serviette posée sur tes genoux. Mystérieux dandy. "Parfois je me suis imaginé danser comme Charlie Chaplin, ou un autre acteur de la même époque, je ne me souviens plus. Mais en témoigne mon vase cassé, ce n'est pas demain la veille que j'arriverai à faire tourner la canne sans qu'elle vole ! Si tu en viens à écrire une histoire comme la mienne, je t'autorise à piquer ce moment de solitude face à des bouts de verre et une musique guillerette qui continue à passer..." La touche d'humour avait fait du bien, il fallait l'avouer. Fini le petit moment difficile à passer, le moment où tu pensais à Penny, aux regrets que tu noyais dans toutes ces rencontres que tu faisais, ce Tinder qui tournait bien, ces premiers rendez-vous qui n'en restaient qu'à ce stade là... Tu avais eu ta part de "relations mouchoirs", avec quelques hommes, quelques femmes, mais rien qui ne te fasse vibrer autant que ce qui avait été avec Penny.

Un peu plus détendu, tu avais alors pu reprendre le fait de manger ton sandwich, alors que tu avais pris une pause pour parler. Lenteur, lenteur ! Tu espérais ne pas fatiguer Lola avec ça d'ailleurs... Même si pour le moment, la discussion menait bon train. "Et puis au final, maintenant, j'apprécie un peu plus la vie. J'ai des économies, à force d'avoir travaillé longtemps comme un âne, donc j'en profite pour me sociabiliser, rencontrer des gens. J'ai quelques amis qui restent encore, d'avant, comme Zackery, mais oui en effet, j'ai majoritairement de nouvelles connaissances. Ce n'est pas plus mal, ça fait du renouveau je trouve. C'est comme voyager tout en restant dans ma zone de confort." Tu ris à cette référence à votre dernière discussion, d'un peu avant encore, sur le fait de partir dans d'autres pays.
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